Une étude conjointe menée par l’Unioversité Harvard et l’organisation Docteurs pour les Droits Humains (PHR) révèle des violations systématiques des droits fondamentaux dans les centres de détention pour immigrants aux États-Unis.
Le rapport souligne que l’utilisation extensive de l’isolement cellulaire dans ces établissements constitue une forme de « torture » selon les critères des Nations unies, une pratique devenue courante dans les centres gérés par les services de l’immigration et des douanes (ICE).
Dans un article paru dans Latin Times, le journaliste Pedro Camacho souligne que les experts ont identifié une utilisation généralisée de l’isolement, touchant particulièrement les détenus vulnérables, notamment ceux présentant des problèmes de santé mentale.
L’analyse des registres de l’ICE révèle près de 14 000 placements à l’isolement entre avril 2024 et août 2025. Durant le premier trimestre 2025, les personnes classées comme « vulnérables » ont subi en moyenne 38 jours d’isolement — soit presque trois fois plus que la moyenne de 14 jours observée en 2021.
L’étude identifie un changement majeur vers la fin 2024, où l’isolement est devenu une mesure « routinière », imposée sans contrôle adéquat et parfois pour des infractions mineures comme le refus de soins ou la protestation contre les conditions de détention.
« Nous torturons des personnes simplement parce qu’elles veulent une vie meilleure aux États-Unis, selon Sam Zarifi, directeur exécutif de PHR. « Cela viole à la fois le droit américain et le droit international », a-t-il ajouté. »
Le document souligne que l’ONU considère l’isolement prolongé comme une forme de torture psychologique.
Les protocoles de l’ICE stipulent que l’isolement des personnes souffrant de troubles de santé mentale doit rester exceptionnel et n’être utilisé qu’en dernier recours.
D’après le rapport relayé par Latin Times, ces garde-fous sont systématiquement contournés : l’isolement serait employé comme solution à des situations ne présentant aucun danger imminent, ou en réponse à des actes de protestation concernant les conditions de détention. Les experts dénoncent une transformation de la détention civile vers une approche palliative et punitive, synthétisée par cette observation : l’isolement « n’a pas sa place dans un système civil ». Ils soulignent également que « l’isolement cellulaire continue d’être utilisé avec des personnes ayant des troubles de santé mentale et d’autres vulnérabilités d’une manière qui viole les propres directives de l’ICE et les mandats internationaux en matière de droits humains ».
Le rapport présente des recommandations urgentes au Department of Homeland Security (DHS), au Congrès et à la présidence : mettre fin à l’isolement en détention migratoire et libérer les personnes vulnérables identifiées. Les auteurs appellent les États et collectivités locales à interdire ou restreindre l’isolement dans les centres sous contrat avec l’ICE, à effectuer des inspections inopinées, et à assurer un accès effectif à des avocats et à des interprètes. La critique est sans équivoque : « L’ICE ne peut actuellement pas être considérée comme digne de confiance pour rendre des comptes avec exactitude, et encore moins pour mettre en œuvre des politiques humaines dans ses installations existantes. » Les chercheurs insistent que, si transparence, responsabilité et supervision sont cruciales, « l’ICE doit concentrer ses efforts sur l’abolition de la pratique inhumaine de l’isolement cellulaire et la libération immédiate des populations vulnérables de la détention migratoire. »
Les constats documentés prolongent des signalements antérieurs…
Latin Times indique que les placements en isolement dans les centres de détention ICE ont augmenté de 41 % entre décembre 2024 et août 2025, atteignant un pic de plus de 1 100 détenus isolés simultanément. Des rapports font état de cellules dépourvues de fenêtres, de périodes prolongées d’isolement, d’accès limité aux soins médicaux, et de mises à l’isolement suite à des signalements d’abus, en violation des directives du DHS interdisant la ségrégation punitive.
« Les centres de détention de l’ICE torturent de manière systémique des personnes et sont en passe d’en torturer davantage », a regré Axios, Sam Zarifi dans une déclaration à Axios. « Et ce ne sont pas des criminels — ce sont des demandeurs d’asile et des immigrés », a-t-il ajouté.
Selon l’analyse des chercheurs, basée sur divers documents (registres de suivi, rapports d’incidents, dossiers médicaux et juridiques), ces problèmes résultent d’une absence d’harmonisation entre structures publiques et prestataires privés, ainsi qu’un manque de transparence concernant les justifications et durées des isolements.
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