Paul Dama, 46 ans, ressortissant nigérian et gérant de la chaîne de restorant Suya Joint a été libéré la semaine dernière après plus de cent jours de détention sous la garde d’Immigration and Customs Enforcement (ICE).
Un juge de l’immigration lui a accordé le statut d’asile, estimant qu’il risquait des persécutions politiques s’il retournait au Nigeria, a indiqué son avocate Me Abeba Attles, citée par MassLive.
Avant son arrivée aux États-Unis en 2019, Dama travaillait comme journaliste à la Nigerian Television Authority. En 2018, il a été kidnappé et séquestré pendant quatre jours par Boko Haram, puis relâché après le versement d’une rançon de 13 000 dollars réunis par sa famille, selon The Boston Globe. Dama a déclaré au Globe : « Le gouvernement semblait impuissant à combattre Boko Haram ».
Le U.S. National Counterterrorism Center décrit Boko Haram comme un groupe cherchant à renverser le gouvernement nigérian et à instaurer un régime fondé sur la loi islamique. Le département d’État américain a désigné Boko Haram organisation terroriste étrangère en novembre 2013.
Selon son avocate, Dama disposait d’une autorisation de travail et avait déposé une demande d’asile en 2020. Il a néanmoins été arrêté par l’ICE en juin 2025 alors qu’il se rendait à l’église. Une campagne GoFundMe lancée par un membre de sa famille a permis de récolter plus de 54 000 dollars pour soutenir sa défense (MassLive, Axios).
Dans une vidéo diffusée par son avocate, Dama confie : « Ça fait vraiment du bien d’être dehors. C’est enfin la liberté. Je ne pensais jamais voir ce jour, mais il est enfin arrivé. » Il décrit les conditions de détention : « C’était vraiment difficile pour moi parce qu’être enfermé dans un lieu précis, dans un bâtiment, vous n’êtes pas autorisé à sortir, vous n’êtes autorisé à rien. Mais au bout du compte, tout s’est bien terminé. »
« Coopérez avec les agents » : le message de Dama
Dama dit avoir coopéré avec les agents dès l’arrestation et adresse un conseil aux autres migrants : « J’étais à mon meilleur comportement, même pendant l’arrestation. J’ai coopéré avec les agents. Je ne me suis pas débattu et je n’ai pas résisté à l’arrestation. Et c’est l’un des conseils que je veux donner aux gens. Quand vous voyez ces agents, coopérez simplement avec eux. Ne vous battez pas. Parce que lorsque vous le faites, cela déclenche une réaction différente de leur part. »
Jeudi soir, a-t-il raconté à GBH News, lorsque des surveillants ont appelé son nom, « l’endroit a explosé en applaudissements et en cris de joie ». Il a ensuite été transféré du New Hampshire — où il était détenu depuis plusieurs mois — vers le Massachusetts, entravé aux jambes, aux poignets et à la taille.
Sa sœur Cecelia Lizotte a publié des images de sa sortie sur Instagram. On l’entend dire : « Oui, oui, oui. J’ai récupéré mon frère au milieu de la nuit. Je ne sais pas pourquoi ils ont fait ça, mais je suis tellement heureuse d’aller le chercher. » Dans sa publication, elle écrit encore : « Aujourd’hui, nous célébrons la liberté. Après des mois de détention injuste, notre frère et membre de la communauté, Paul Dama, a enfin obtenu l’asile et a été libéré. L’histoire de Paul ne porte pas seulement sur la survie à un système d’immigration conçu pour briser les gens — elle parle de résilience, de foi et de la force irrésistible de l’amour et de la communauté. » Elle remercie Me Attles et les défenseurs du Harvard Immigration & Refugee Clinical Program, « qui se sont battus sans relâche pour ses droits et n’ont jamais abandonné son dossier ».
Malgré deux accusations pour conduite sous influence déposées en 2024, le juge a reconnu les efforts de réhabilitation de Dama : participation à plusieurs programmes, thérapie pour gérer le deuil et réunions des Alcooliques Anonymes, selon Me Attles. « La raison pour laquelle il s’est mis à boire — il n’avait pas cette habitude auparavant — tient à ce qu’il a vécu dans son pays et à la mort de sa mère… Il n’a pas pu rentrer pour la voir ni assister à ses funérailles, et cela lui a porté un coup majeur », a t’elle expliqué.
Dama a également travaillé comme travailleur social à Nexus Inc. ; son employeur lui a rendu visite durant sa détention, selon Me Attles, citée par The Boston Globe.
Selon son avocate, Dama peut demander une carte verte dans un an, puis la citoyenneté américaine au bout de cinq ans. « Il se repose probablement et retournera ensuite au travail », a-t-elle indiqué. L’ICE et le Department of Homeland Security (DHS) n’ont pas répondu immédiatement aux sollicitations de MassLive lundi. Le gouvernement fédéral dispose jusqu’au 23 octobre pour faire appel de la décision d’asile.
https://ctninfo.com/fr/?p=37181&preview=true
Crédits et sources : MassLive (Luis Fieldman, 29 septembre 2025), GBH News, Axios, The Boston Globe ; U.S. National Counterterrorism Center ; U.S. Department of State.
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