Le chargé d’affaires des États-Unis en Haïti, Henry Wooster, a affirmé que la nouvelle mission de sécurité proposée par l’administration Trump serait « beaucoup plus mortelle » que l’actuelle opération menée par le Kenya.
Ces déclarations, rapportées par Latin Times, soulignent un tournant majeur dans l’approche américaine face à la crise haïtienne.
Selon Henry Wooster, l’initiative envisagée par Washington se distinguerait par son orientation résolument militaire, en contraste avec la mission actuelle axée sur le renforcement de la Police nationale haïtienne.
« Pour être clair, la mission est teintée de militaire en raison de la nature des combats urbains », a-t-il expliqué, tout en précisant que la participation de forces de police restait envisageable.
Wooster a détaillé les premières priorités de cette force : sécuriser des infrastructures stratégiques telles que l’aéroport, les ports maritimes, les carrefours routiers, ainsi que les centrales électriques. « Tout ce qui permet à un État d’affirmer son autorité et de démontrer qu’il est bel et bien une entité souveraine », a-t-il insisté.
Pour illustrer l’urgence de la situation, le diplomate américain a eu recours à une comparaison médicale : « Je la compare à une salle d’urgence recevant un patient grièvement blessé : contusions, fracture, plaies ouvertes… Mais la priorité absolue est d’arrêter l’hémorragie. Vous ne pouvez pas vous occuper du reste si le patient se vide de son sang. »
Et de poursuivre : »Il est impossible de traiter les autres aspects du problème sans avoir d’abord rétabli la sécurité. C’est pourquoi il est crucial que le Conseil de sécurité adopte rapidement une résolution. »
Selon lui, la nouvelle mission disposerait d’une plus grande « liberté de manœuvre » que l’actuelle. « Ce qui est en jeu, c’est la survie d’un État souverain, l’État haïtien », a-t-il averti.
Dans l’intervalle, le Conseil présidentiel de transition (CPT) multiplie les appels à l’aide. Son coordonnateur, Laurent Saint-Cyr, avait déclaré à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies : « Chaque minute perdue signifie des vies humaines sacrifiées et une érosion de la démocratie. »
Il a décrit la situation en des termes dramatiques. « Haïti vit une tragédie humaine aux portes de l’Amérique… une guerre entre des criminels qui veulent imposer la violence comme ordre social et une population désarmée qui se bat pour la dignité et la liberté. Haïti veut la paix. Haïti attend la paix. Haïti a droit à la paix. »
L’administration Trump a prévenu que son soutien financier à la mission onusienne actuelle ne pourra être maintenu sans l’approbation de la nouvelle résolution.
Les États-Unis et le Panama ont déposé en août une proposition visant à créer une « force de suppression des gangs » forte de 5 500 hommes.
Celle-ci disposerait non seulement de pouvoirs d’arrestation et de détention, mais aussi d’équipements de niveau militaire.
Cette initiative répond au constat d’échec de la mission dirigée par le Kenya, qui n’a pas réussi à reprendre le contrôle des zones stratégiques de Port-au-Prince, encore largement dominées par les gangs.