Cent quarante-trois soldats haïtiens, dont 15 femmes, ont achevé vendredi 19 septembre une formation militaire dispensée par l’armée mexicaine, selon l’Associated Press.
Cette initiative s’inscrit dans un accord bilatéral conclu entre Port-au-Prince et Mexico, alors que la violence des gangs continue de ravager Haïti et de fragiliser ses institutions.
Pendant huit semaines, ces recrues ont suivi un programme intensif combinant des cours de défense personnelle, des exercices de tir et des modules consacrés aux droits humains.
Lors de la cérémonie de clôture organisée dans un camp militaire de l’État de Mexico, le lieutenant-colonel Juan Manuel Campos Rodríguez, directeur du centre de formation de l’armée mexicaine, a insisté sur l’importance de cette étape : « À partir d’aujourd’hui, vous retournez dans votre nation avec des connaissances militaires et une force physique et spirituelle pour servir loyalement votre peuple et son autorité démocratiquement élue », a-t-il déclaré devant les soldats selon ce qu’a rapporté Associated Press.
L’envoi de ce contingent en formation avait été annoncé en juillet dernier par le gouvernement haïtien, dans le cadre d’un plan global de renforcement des capacités sécuritaires nationales. Cette stratégie intervient alors que près de 90 % de la capitale Port-au-Prince est sous le contrôle de gangs armés, selon plusieurs estimations.
L’ambassadeur d’Haïti au Mexique, Hubert Labbe, a salué cette coopération et mis en avant ses retombées concrètes. « Les compétences acquises par cette promotion améliorent substantiellement les capacités des forces armées haïtiennes, leur permettant de mieux servir et protéger le peuple haïtien », a-t-il affirmé.
Depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021, la violence criminelle s’est aggravée. Les gangs ne se limitent plus à la capitale : leurs activités s’étendent désormais vers les zones rurales, où les habitants sont confrontés à des enlèvements, des extorsions et des affrontements armés.
Face à cette situation, une force multinationale dirigée par le Kenya est déjà déployée sur le territoire haïtien, mais ses résultats restent limités. Plusieurs États membres des Nations unies, dont les États-Unis et le Panama, ont récemment plaidé pour une extension de ce dispositif. Leur proposition prévoit la création d’une force de 5 550 membres dotée de l’autorité d’arrêter des membres de gangs, ce qui transformerait la mission actuelle en une opération plus robuste.
Entre gratitude et attentes
Pour les militaires haïtiens formés au Mexique, cette expérience constitue une étape essentielle dans la reconstruction d’une armée capable de répondre aux défis actuels. L’un d’entre eux, Accilien Jimmy, a exprimé sa reconnaissance : « Ce type de soutien est essentiel pour que les forces armées haïtiennes puissent accroître leur capacité opérationnelle et offrir sécurité et paix à notre nation », a-t-il confié.
Le retour de ces soldats sur le sol haïtien intervient dans un contexte où la population réclame des solutions concrètes face à l’emprise grandissante des groupes criminels.
Les forces armées haïtiennes avaient été dissoutes en 1995, après un coup d’État qui avait renversé l’ancien président Jean-Bertrand Aristide. Ce n’est qu’en 2017 que l’armée a été rétablie par le président Jovenel Moïse, peu avant que l’ONU ne mette fin à sa mission de maintien de la paix dans le pays.
Depuis, la reconstruction progressive de l’institution militaire s’appuie sur des partenariats internationaux, tels que celui conclu avec le Mexique. L’objectif affiché par les autorités haïtiennes est de doter le pays de forces capables de contribuer à la stabilisation sécuritaire et de soutenir la police nationale dans ses opérations contre les gangs.
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Source : Associated Press (AP)