ICE accentue ses opérations dans les villes sanctuaires, dont Chicago et Boston

Emmanuel Paul
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"In this image taken from video shared with OPB, Portland-area chiropractor Mahdi Khanbabazadeh is detained by federal immigration officials near his child's Montessori school in Beaverton on July 15, 2025."

Le département de la Sécurité intérieure des États-Unis (DHS) a lancé de nouvelles opérations d’immigration visant directement Chicago et Boston.

L’annonce marque une intensification des mesures fédérales dans les bastions démocrates, au moment où l’administration Trump multiplie les offensives contre les villes dites « sanctuaires ».

Samedi, le DHS a confirmé sur le réseau social X le déploiement d’ »Operation Midway Blitz » dans l’Illinois.

Selon l’agence, cette mission est menée en mémoire de Katie Abraham, une jeune femme de 20 ans tuée en janvier dans un accident de la route. Le drame implique, d’après les autorités, un conducteur en situation irrégulière.

« L’opération cible des criminels illégaux qui affluent à Chicago et en Illinois parce qu’ils savent que les politiques de sanctuaire du gouverneur démocrate JB Pritzker les protègent », a déclaré le DHS dans son communiqué cité par NPR.

Colère et confusion autour de Chicago

Ce nouvel épisode survient après un week-end confus marqué par des menaces directes du président Trump à l’égard de Chicago.

Sur les réseaux sociaux, le chef de l’État avait affirmé que la ville allait comprendre « pourquoi le Département de la Défense s’appelle le Département de la guerre ».

Face à cette sortie, le gouverneur Pritzker a répliqué sur X : « Trump menace de faire la guerre à une ville américaine. Ce n’est pas une blague. Ce n’est pas normal. »

Dimanche, le président a nuancé ses propos. « Nous n’allons pas faire la guerre. Nous allons nettoyer nos villes. Nous allons les nettoyer pour qu’elles n’assassinent pas cinq personnes chaque week-end. Ce n’est pas la guerre, c’est du bon sens », a-t-il affirmé devant des journalistes à la Maison-Blanche, a rapporté NPR.

La sénatrice démocrate Tammy Duckworth a vivement critiqué les mesures fédérales. « Les opérations à Chicago sont coûteuses, inefficaces, inhumaines et rendent les habitants de l’Illinois moins en sécurité », a-t-elle déclaré lundi. Elle a ajouté : « Déployer massivement des forces de l’ordre pour traquer des personnes non violentes en infraction civile ne fait rien pour protéger notre pays. »

Boston dans la ligne de mire

Parallèlement, une seconde vague d’opérations migratoires a été confirmée dans le Massachusetts.

La radio WBUR a rapporté que le DHS lançait « Patriot 2.0 », une nouvelle campagne d’arrestations dans tout l’État, avec un accent particulier sur Boston.

Selon le DHS, la maire de la ville, Michelle Wu, attirerait les personnes en situation irrégulière en raison des lois locales de protection. L’agence accuse la municipalité de  » favoriser et d’abriter des criminels ».

La précédente opération, baptisée « Patriot », avait conduit en mai à l’arrestation de près de 1 500 personnes dans le Massachusetts, précise WBUR.

Face à cette pression, Michelle Wu a réaffirmé son opposition. « Je ne céderai pas », a-t-elle assuré dans une déclaration publique.

Ces initiatives fédérales s’inscrivent dans une série plus large de mesures déployées dans les grandes villes dirigées par des démocrates.

À Washington D.C., la Garde nationale continue de patrouiller, parfois armée, bien que la criminalité soit à son plus bas niveau depuis 30 ans, selon les données du département de la Justice.

La Cour suprême a également validé lundi la poursuite de raids d’immigration à Los Angeles. Cette décision permet aux agents d’immigration de mener des « patrouilles mobiles » et de contrôler des personnes sur la base de leur apparence, dans la région de la Californie du Sud.

Trump a par ailleurs menacé d’envoyer des troupes à Baltimore et à La Nouvelle-Orléans. Ces annonces renforcent l’idée que les interventions fédérales dans les villes  » sanctuaires » vont s’intensifier dans les prochains jours.

Un climat de peur pour les communautés immigrées

Dans les rues de Chicago, les habitants expriment leurs inquiétudes.

Plusieurs manifestations ont eu lieu samedi pour protester contre la militarisation annoncée de la ville. Des pancartes affichaient : « Non à la guerre contre nos familles ».

À Boston, l’annonce de Patriot 2.0 a provoqué un sentiment d’insécurité parmi les communautés immigrées.

La ville compte l’une des plus grandes populations étudiantes internationales des États-Unis et figure aussi parmi les trois plus grandes destinations pour les Haïtiens.

Pour de nombreux résidents, la simple visibilité accrue des véhicules fédéraux et des agents suffit à instaurer la méfiance.

Les autorités municipales craignent également que la coopération entre les habitants et la police locale ne s’effondre, les personnes redoutant désormais toute interaction avec des forces de l’ordre.

L’administration Trump assume cette confrontation. Ses responsables affirment que ces opérations sont nécessaires pour restaurer l’ordre et renforcer la sécurité. Les démocrates, eux, dénoncent une stratégie politique visant à intimider les villes opposées au président.

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Sources : NPR (Jaclyn Diaz, Joe Hernandez, Kat Lonsdorf), WBUR Boston.

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