L’administration Trump passe au crible 55 millions de titulaires de visas

Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...

L’administration de Donald Trump a annoncé qu’elle mène actuellement une révision sans précédent visant plus de 55 millions d’étrangers titulaires de visas américains. Cette opération, confirmée jeudi par le département d’État dans une réponse écrite à l’agence Associated Press, marque une intensification du contrôle migratoire et une volonté de soumettre à un  » suivi continu » tous ceux qui ont reçu l’autorisation d’entrer ou de séjourner légalement aux États-Unis.

Selon les autorités, l’objectif est de détecter toute violation pouvant rendre un individu « inéligible » à conserver son visa. Dans un tel cas, le document serait immédiatement révoqué. Si la personne concernée se trouve déjà sur le territoire américain, elle s’exposerait à une expulsion, a rapporté l’Associated Press.

 « Nous examinons toutes les informations disponibles dans le cadre de notre processus de vérification, y compris les dossiers des forces de l’ordre ou de l’immigration, ainsi que tout autre élément qui pourrait émerger après la délivrance d’un visa et indiquer une éventuelle inéligibilité, a précisé le département d’État.

Jusqu’à présent, le suivi ciblait surtout les étudiants et les visiteurs d’échanges culturels, soupçonnés parfois d’activités politiques jugées problématiques par Washington. Mais la nouvelle formulation utilisée par l’administration suggère que la procédure est désormais généralisée. Ce qui signifie que même les titulaires de visas touristiques ou de travail, en règle jusqu’ici, pourraient voir leur autorisation annulée de façon soudaine.

Les indicateurs d’alerte incluent, entre autres, les dépassements de séjour, des antécédents criminels, toute menace potentielle à la sécurité publique, ainsi que l’implication directe ou indirecte dans des activités terroristes.

Les responsables américains ont confirmé que ce processus de révision comprend désormais une analyse systématique des comptes sur les réseaux sociaux des titulaires de visas. De nouveaux outils numériques permettent de collecter et de centraliser ces informations. Depuis cette année, les demandeurs doivent désactiver les fonctions de confidentialité de leurs téléphones portables et applications lorsqu’ils se présentent à un entretien consulaire.

Cette mesure, présentée comme une évolution technologique au service de la sécurité nationale, est perçue par les critiques comme une atteinte grave à la vie privée et aux libertés individuelles.

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, le département d’État affirme avoir révoqué « plus du double de visas » par rapport à la même période l’an passé. La hausse est particulièrement marquée dans la catégorie des étudiants : « presque quatre fois plus de visas étudiants » ont été annulés, selon la communication officielle rapporté par l’Associated Press.

Plus tôt cette semaine, les autorités américaines ont révélé que plus de 6 000 visas étudiants avaient été retirés pour des dépassements de séjour ou pour violation des lois locales, étatiques ou fédérales. Environ 4 000 de ces révocations concernent des infractions pénales telles que les agressions ou la conduite en état d’ivresse. Entre 200 et 300 cas sont liés à des accusations de soutien au terrorisme ou de liens avec des organisations figurant sur la liste noire de Washington.

La grande majorité des étrangers qui souhaitent entrer aux États-Unis doivent obtenir un visa, notamment ceux qui envisagent d’y étudier ou de travailler. Seuls les citoyens de 40 pays, pour la plupart européens et asiatiques, bénéficient du Programme d’exemption de visa, qui autorise des séjours de courte durée sans démarche administrative préalable.

En revanche, des nations très peuplées comme la Chine, l’Inde, l’Indonésie, la Russie ou la quasi-totalité de l’Afrique sont exclues de ce régime. Leurs ressortissants se trouvent donc directement concernés par ce nouvel examen massif de 55 millions de dossiers.

Le département d’État justifie cette politique par des impératifs sécuritaires : « Dans le cadre de l’engagement de l’administration Trump à protéger la sécurité nationale et la sûreté publique des États-Unis, nous avons intensifié les procédures de vérification et de révocation de visas. »

Cette stratégie s’inscrit dans la continuité des promesses de campagne de Donald Trump, qui avait fait de la lutte contre l’immigration illégale et du durcissement des règles d’entrée une priorité de sa présidence. Pour ses soutiens, il s’agit de mesures de protection indispensables. Pour ses détracteurs, c’est un pas supplémentaire vers une politique migratoire ultra-restrictive, risquant de fragiliser les échanges académiques, culturels et économiques avec le reste du monde.

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