l’Administration Trump veut saisir le Conseil de sécurité de l’ONU pour déployer une mission en Haïti

Emmanuel Paul
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Credit: Odelyn Joseph, Associated Press

Face à la crise sécuritaire qui secoue Haïti, l’administration Trump s’apprête à présenter une proposition cruciale au Conseil de sécurité des Nations unies. Cette initiative vise à mettre en place une mission de sécurité internationale dans le pays.

La situation est particulièrement alarmante, avec des organisations criminelles qui contrôlent actuellement environ 80 % du territoire haïtien. Cette information a été relayée par le Jamaica Observer, citant les propos du secrétaire d’État Américain Marco Rubio.

Dans ce contexte de tension extrême, Jimmy Chérizier, connu sous le nom de « Barbecue » et leader d’une des plus importantes coalitions de gangs, a lancé un ultimatum au gouvernement provisoire. Le chef de l’alliance « Viv Ansanm » menace ouvertement de renverser les autorités si le Conseil présidentiel de transition refuse de céder le pouvoir.

« Haïti a atteint un tournant où il ne peut plus tenir. Le pays a atteint un point où règne une anarchie totale », a-t-il affirmé dans une vidéo rapportée par le Jamaica Observer. Son message s’est conclu par un appel mobilisateur : « Peuple haïtien, rejoignez-nous dans la bataille. La liberté ou la mort. »

Pour que cette initiative américaine aboutisse, il est essentiel que la Chine et la Russie, membres permanents du Conseil de sécurité, n’exercent pas leur droit de veto, selon le Jamaica Observer. Ces deux pays, généralement réticents aux interventions internationales sous égide onusienne, devront soit donner leur accord, soit s’abstenir.

L’objectif principal de cette mission serait de neutraliser les groupes armés qui ont pris le contrôle de vastes zones du pays. Washington considère cette intervention comme une étape indispensable pour rétablir un semblant de stabilité en Haïti.

Selon un récent rapport du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH), cité par le Jamaica Observer, la violence a atteint des niveaux alarmants avec 1 520 personnes tuées et 609 autres blessées durant le dernier trimestre. Cette escalade dramatique résulte principalement des conflits entre gangs rivaux, d’exécutions arbitraires et d’agressions contre la population civile.

Parmi ces groupes criminels, « Viv Ansanm » se distingue comme l’une des organisations les plus influentes, étant impliquée dans la plupart des actes criminels, notamment les assassinats, les viols, la torture et les kidnappings qui sévissent dans le pays.

Dans ses déclarations, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a exprimé sa préoccupation quant à la situation en Haïti et ses répercussions sur la région, selon Jamaica Observer. Il a notamment mis l’accent sur le défi migratoire auquel font face les États-Unis, avec « un flux constant de migrants illégaux » haïtiens, ainsi que l’émergence du territoire américain comme « une plaque tournante pour les actes illicites liés au trafic de drogue, au commerce illégal d’armes et à la contrebande ».

Selon Rubio, l’administration Trump a « analysé diverses variables » pour résoudre la crise politique qui a « placé Haïti entre les mains d’organisations criminelles ».

Le chef de la diplomatie américaine insiste sur la nécessité d’une intervention multilatérale sous l’égide des Nations unies. « L’ONU est la seule solution à la situation sociale et politique en Haïti, qui se détériore chaque jour », a-t-il déclaré au Jamaica Observer.

Cette demande d’intervention internationale survient après l’échec de plusieurs tentatives bilatérales et régionales pour contenir l’expansion des réseaux criminels.

Cependant, le projet américain doit surmonter d’importants obstacles diplomatiques. La Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité, ont historiquement manifesté leur opposition aux missions onusiennes impliquant un renforcement sécuritaire significatif. Leur position sera cruciale dans les discussions à venir concernant cette proposition.

L’adoption potentielle de la résolution permettrait le déploiement d’une mission de sécurité avec un mandat précis, concentré sur la restauration de l’ordre et l’élimination des groupes armés. Cette initiative américaine vise à établir un environnement propice à la reconstruction des institutions démocratiques et au rétablissement de la paix sociale.

L’aggravation de la crise haïtienne engendre des conséquences significatives dans toute la région. Les nations limitrophes, déjà aux prises avec des mouvements migratoires incontrôlés, redoutent les implications sur leur sécurité nationale et le développement des réseaux criminels transfrontaliers.

D’après le Jamaica Observer, l’administration américaine estime que l’instabilité persistante à Port-au-Prince risque d’intensifier le trafic d’armes et de drogues dans la zone caribéenne, ainsi que les activités illégales vers le territoire américain et les îles voisines.

Actuellement, la communauté internationale reste partagée sur la stratégie d’intervention à adopter en Haïti. Néanmoins, pour Washington, la priorité est évidente : obtenir l’autorisation du Conseil de sécurité pour déployer une force multinationale sous l’égide de l’ONU, capable de reprendre le contrôle d’un territoire largement dominé par les gangs.

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Source: Jamaica Observer

 

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