80e AG de l’ONU : Face à la tragédie haïtienne, Laurent Saint-Cyr alerte et appelle à sauver Haïti

Mederson Alcindor

Du haut de la tribune de la 80e Assemblée générale des Nations unies, le coordonateur du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Laurent Saint-Cyr, a dressé un tableau inquiétant de la situation d’Haïti et lancé un appel urgent à la communauté internationale. Dans un discours marqué par la gravité de la crise qui secoue son pays , il a insisté sur la nécessité d’une action rapide et coordonnée pour rétablir la paix, protéger les populations et permettre l’organisation d’élections crédibles.

M. Saint-Cyr a débuté son allocution en rappelant que le peuple haïtien est confronté à une crise multidimensionnelle sans précédent. Il a décrit un pays en proie à une « guerre interne », où gangs armés et populations désarmées se font face quotidiennement. Il a rendu hommage aux policiers haïtiens et aux contingents kenyans tombés dans cette lutte contre l’insécurité. « La paix est le besoin le plus pressant de notre peuple », a-t-il insisté, rappelant que la survie même des Haïtiens dépend de mesures immédiates.

Le président du CPT a souligné que la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS), bien qu’importante, reste largement insuffisante pour stabiliser le pays. Il a demandé au Conseil de sécurité de voter en urgence la création d’une Force de suppression des gangs (GSF) dotée d’un mandat clair et de moyens adéquats. Cette force, selon lui, doit pouvoir neutraliser les groupes armés, tout en protégeant les civils et en empêchant le trafic d’armes et de financements provenant de l’étranger.

Sur le plan politique, Laurent Saint-Cyr a rappelé que le Conseil présidentiel de transition poursuit trois priorités : la sécurité, l’organisation des élections et la relance économique. Il a précisé que 85 % des centres de vote étaient déjà identifiés et que 70 % du personnel électoral était mobilisé. Le budget national, évalué à 65 millions de dollars, a été garanti pour financer le processus électoral. Cependant, il a averti : « Sans sécurité, aucune élection crédible ne pourra se tenir ». Cette mise en garde souligne la fragilité des institutions haïtiennes et l’importance d’une réponse internationale immédiate.

Le dirigeant haïtien a ensuite présenté sa vision pour le développement économique du pays. Il a plaidé pour un passage de l’aide internationale à l’investissement productif, affirmant que l’avenir d’Haïti dépend de la création d’emplois et de la stimulation de secteurs stratégiques. Deux pôles économiques seraient développés : un dans le Grand Nord et un autre dans le Grand Sud. Ces zones incluraient des filières telles que l’agro-industrie, le textile, les énergies renouvelables et le tourisme. Laurent Saint-Cyr a également souligné l’importance du renouvellement de la loi américaine HOPE/HELP, jugée essentielle pour favoriser l’emploi et limiter la migration.

La mémoire historique a occupé une place centrale dans son discours. Il a rappelé le bicentenaire de la rançon imposée par la France pour la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti et a appelé à des réparations dans un esprit de vérité et de justice. Tout en saluant les gestes symboliques récents de la France, il a insisté sur la nécessité d’un véritable dialogue historique, capable de rendre justice à la nation haïtienne.

Le Représentant du secteur privé au CPT a également mis en avant la contribution majeure de la diaspora haïtienne, qu’il considère comme un pilier du développement national. Il a demandé que les Haïtiens vivant à l’étranger soient traités avec respect et dignité, tout en rappelant leur rôle crucial dans l’économie et la société haïtienne. La diaspora, selon lui, est un levier indispensable pour la reconstruction du pays et pour renforcer son rayonnement international.

Face au découragement et à la « fatigue haïtienne », Laurent Saint-Cyr a affirmé son engagement pour un leadership éthique et inclusif. Il a rappelé la nécessité de réformes profondes dans la justice, la lutte contre la corruption et la gouvernance. « Nous ne céderons pas au fatalisme », a-t-il martelé, soulignant que la résilience du peuple haïtien exige une action courageuse et concertée.

L’appel à la communauté internationale a été direct et sans ambiguïté. M. Saint-Cyr a averti que chaque minute perdue dans la réponse à la crise se traduit par des vies humaines sacrifiées. Il a insisté sur le fait que le silence et l’inaction constitueraient une forme de complicité. Pour lui, soutenir Haïti n’est pas seulement un impératif moral, mais un engagement envers l’idéal fondateur de l’ONU : paix, justice et droits humains.

Le coordonateur du CPT a rappelé le caractère régional de la crise, soulignant que l’insécurité en Haïti affecte l’ensemble de la Caraïbe et de l’hémisphère. Il a appelé les pays voisins à stopper les flux d’armes, de munitions et de financements criminels, afin de limiter l’extension de la violence. Haïti, a-t-il insisté, est devenue la ligne de front d’un combat qui concerne toute la région.

Dans son discours, Laurent Saint-Cyr a également décrit les efforts internes du gouvernement haïtien pour faire face à l’insécurité. Il a évoqué l’augmentation de 40 % du budget alloué aux forces de l’ordre, la formation de nouvelles promotions de policiers, l’acquisition de matériel et le renforcement des effectifs. Ces mesures témoignent d’un engagement sans précédent, malgré les ressources limitées et la fragilité institutionnelle du pays.

Le président du CPT a souligné que la Mission multinationale, censée aider à résoudre le problème de l’insécurité, reste bien en deçà des besoins. Sur le terrain, seuls 1 000 hommes sont actuellement déployés, contre les 2 500 initialement promis. Cette insuffisance compromet la capacité du pays à protéger sa population et à sécuriser les élections à venir. « Chaque minute perdue se traduit en vies humaines sacrifiées », a-t-il insisté.

Pour conclure, Laurent Saint-Cyr a transformé son discours en un véritable cri d’alarme et d’espérance. Il a rappelé que la paix en Haïti est un impératif non seulement pour les Haïtiens, mais aussi pour l’ensemble de la Caraïbe, des Amériques et de la communauté internationale.

La mission du Conseil présidentiel de transition ne se limite pas à gérer la crise actuelle. Elle consiste avant tout à restaurer la confiance des Haïtiens en leurs institutions, à préparer des élections crédibles et à poser les bases d’un développement durable. Mais cette mission, estime Laurent Saint-Cyr, ne pourra réussir sans un engagement ferme et immédiat de la communauté internationale. Chaque jour perdu fragilise davantage l’État, compromet la sécurité et éloigne Haïti de la paix et de la prospérité qu’elle mérite.

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