Près de 75 000 immigrés sans aucun antécédent judiciaire ont été arrêtés par Immigration and Customs Enforcement (ICE) depuis le début du deuxième mandat de Donald Trump, selon de nouvelles données rendues publiques par l’Université de Californie à Berkeley.
Ce chiffre considérable, couvrant la période du 20 janvier au 15 octobre, représente plus d’un tiers des quelque 222 000 arrestations effectuées durant les neuf premiers mois du mandat présidentiel.
Ces données, obtenues dans le cadre d’une action judiciaire menée par le Deportation Data Project, dressent un tableau en forte contradiction avec les déclarations répétées de la Maison-Blanche, qui affirme cibler avant tout les criminels dangereux.
Des données qui contredisent le narratif officiel
Pour Ariel Ruiz Soto, analyste principal au Migration Policy Institute, les conclusions sont sans équivoque. « Cela contredit les affirmations de l’administration au sujet des personnes condamnées pour crimes graves et sa volonté déclarée de s’attaquer aux pires délinquants », a-t-il déclaré à NBC News.
Selon lui, l’écart entre le discours politique et la réalité opérationnelle reflète une logique de contrôle migratoire beaucoup plus large que celle que le gouvernement admet publiquement.
Les mêmes documents révèlent que l’ICE est également loin d’atteindre ses objectifs internes. L’agence procède à environ 824 arrestations par jour, bien en deçà d’un objectif officieux de 3 000 interpellations quotidiennes mentionné par plusieurs responsables.
À cela s’ajoute une décision de l’administration de cesser de publier des données détaillées sur les arrestations dès le début du second mandat du président Trump, limitant considérablement la transparence sur ses pratiques.
La Border Patrol montre des tendances similaires
Les données publiées ne tiennent pas compte des interpellations réalisées par la Border Patrol, dont les pouvoirs et la visibilité ont été renforcés depuis 2025. Cependant, plusieurs analyses suggèrent que des tendances comparables s’observent.
Selon des documents internes obtenus par CBS News, lors d’une opération menée récemment à Charlotte (Caroline du Nord), moins d’un tiers des personnes arrêtées avaient un casier judiciaire.
Les chiffres de détention confirment cette tendance. D’après la base de données TRAC Immigration, à la mi-novembre, 73 % des quelque 65 000 personnes détenues par l’ICE et la Border Patrol après leur arrestation n’avaient aucune condamnation préalable.
Parmi celles ayant un antécédent judiciaire, la majorité avaient été condamnées pour des infractions mineures, souvent des violations du code de la route.
Dans la poursuite d’un volume élevé d’arrestations, les autorités migratoires ont également arrêté des citoyens américains, parfois des mineurs, selon plusieurs organisations de défense des droits civiques.
Des accusations de profilage racial ciblant notamment les populations latino-américaines ont également été rapportées dans plusieurs villes.
Malgré ces controverses, la stratégie fédérale d’expulsion continue de s’étendre. Les agents de la Border Patrol participent désormais à des opérations d’envergure dans les centres urbains, un rôle historiquement réservé à l’ICE.
Trump envisage d’étendre son interdiction de voyage à plus de 30 pays
Une politique soutenue par des financements sans précédent
L’intensification accélérée de ces opérations est soutenue par des allocations budgétaires considérables.
Selon The Independent, l’administration a alloué 170 milliards de dollars supplémentaires à l’ICE et à la Border Patrol dans le cadre du « Big, Beautiful Bill », adopté plus tôt cette année — un niveau de financement sans précédent pour l’appareil migratoire fédéral.
Pour les défenseurs des droits des immigrants, les nouvelles données montrent que les opérations de l’ICE ne correspondent pas à la version présentée par le gouvernement.
Pour les partisans du président Trump, elles témoignent au contraire de la détermination de son administration à durcir la politique migratoire, quel qu’en soit le coût politique ou financier.

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Priscilla Olivarez, Immigrant Legal Resource Center
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