Alors que l’incapacité du Conseil présidentiel de transition (CPT) à rétablir la sécurité ou à organiser des élections suscite des inquiétudes croissantes, la Caricom tente de raviver le dialogue entre les forces politiques haïtiennes.
Son Groupe des éminentes personnalités (GPE) a discrètement entamé une série d’échanges avec des responsables de partis et des représentants de la société civile au cours de la semaine écoulée.
Selon plusieurs acteurs joints par Le Nouvelliste, les émissaires régionaux cherchent à évaluer les conditions pour lancer de nouvelles discussions politiques inclusives.
Ces démarches interviennent dans un contexte où la transition actuelle peine à produire des résultats tangibles.
Parmi les interlocuteurs consultés figure l’avocat et homme politique André Michel, porte-parole de l’accord du 21 décembre. Il a confirmé avoir rencontré les représentants du GPE et estime que la Caricom souhaite « reprendre les négociations politiques » afin de corriger le cap. Pour lui, l’initiative s’explique par l’ »échec sans appel » du Conseil présidentiel et de l’équipe dirigeante. « La reprise des discussions permettra de dresser un diagnostic collectif et de prendre des décisions structurantes, avec l’appui de la communauté internationale », a-t-il déclaré à Le Nouvelliste, ajoutant que l’attente jusqu’au 7 février 2026 n’est pas justifiée.
De son côté, Jean André Victor, représentant du Collectif du 30 janvier, a également confirmé des échanges avec les émissaires de la Caricom. Il a précisé qu’aucun calendrier ni ordre du jour n’a été arrêté pour le moment. « Ils explorent encore les options. La tenue de discussions dépendra de la réaction des différents protagonistes », a-t-il résumé dans une déclaration au Nouvelliste.
L’ancien premier ministre Claude Joseph, aujourd’hui à la tête du parti EDE, a lui aussi été contacté.
Selon ses propos rapportés par Le Nouvelliste, il a été interrogé sur la disposition de son parti à participer à un éventuel dialogue. « Il existe un malaise évident au sein de la communauté internationale, en raison de l’inefficacité du CPT. EDE est prêt à s’impliquer dans toute initiative visant à sortir de la crise. Nous avons même écrit à la Caricom pour qu’une solution soit trouvée avant février 2026 », a-t-il affirmé.
Du côté de la société civile, Me Gédéon Jean, directeur du Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH), figure également parmi les personnes consultées.
Une source bien informée a par ailleurs indiqué que Fanmi Lavalas aurait été approché, sans que cela soit officiellement confirmé, selon le quotidien Le Nouvelliste.
À ce stade, la Caricom n’a fixé ni date ni format pour les futures discussions. Il reste également à déterminer si ces pourparlers incluront des acteurs non signataires de l’accord du 3 avril 2024, à l’origine de la mise en place du Conseil présidentiel actuel.
Dans une interview à CTN il y a environ deux semaines, le dirigeant politique André Michel avait affirmé que des démarches étaient en cours en vue de relancer les discussions sur la situation politique et sécuritaire en Haïti. « Je peux vous dire que les jours de ce CPT sont comptés », avait déclaré Maître André Michel.