Le PAM tire la sonnette d’alarme sur la crise humanitaire en Haïti alors que la saison des ouragans commence

CTN News
"Displaced families seek refuge in Saint-Marc, Haiti." Credit: UNICEF/Ralph Tedy Erol

 

Alors que la saison des ouragans s’ouvre dans les Caraïbes, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) exprime une vive inquiétude face à la situation humanitaire critique en Haïti, où près de la moitié de la population souffre d’une insécurité alimentaire aiguë.

Avec 5,7 millions de personnes confrontées à un niveau d’urgence de faim, Haïti figure désormais parmi les cinq pays du monde présentant les niveaux les plus catastrophiques d’insécurité alimentaire, selon les dernières données communiquées par le PAM.

« Malgré la violence, les déplacements et l’effondrement des systèmes, le PAM reste présent en Haïti », a déclaré Lola Castro, directrice régionale du PAM pour l’Amérique latine et les Caraïbes, lors d’un point de presse mardi. De retour d’une mission récente dans le pays, Mme Castro a dressé un tableau sombre de la situation sur le terrain.

Les violences liées aux gangs, principalement concentrées dans la capitale Port-au-Prince, ont entraîné le déplacement de plus d’un million de personnes. Dans la commune de Kenscoff, environ 14 000 habitants ont récemment été contraints de fuir leurs foyers.

« Kenscoff était un lieu où les gens venaient vendre leurs produits agricoles », a expliqué Mme Castro. « Aujourd’hui, ces mêmes personnes dépendent de l’aide alimentaire, après que leurs maisons ont été incendiées et leurs moyens de subsistance détruits. »

Une violence de genre en forte hausse

La crise humanitaire affecte de manière disproportionnée les femmes et les filles, particulièrement vulnérables dans les zones urbaines contrôlées par les gangs.

« Port-au-Prince est probablement l’un des endroits les plus dangereux au monde pour les femmes et les filles », a souligné Lola Castro. Elle a ajouté que plus de 6 000 cas de violences basées sur le genre ont été recensés depuis le début de l’année. « Nous devons les soutenir pour qu’elles deviennent moins vulnérables et ne soient pas exposées à tant de violence. »

Le Plan de réponse humanitaire 2025 pour Haïti prévoit un budget de 908 millions de dollars, mais seulement 8 % de ce montant a été financé à ce jour. Le PAM indique qu’il a besoin de 46,4 millions de dollars sur les six prochains mois pour maintenir sa réponse d’urgence et lutter contre les causes profondes de la faim et de la malnutrition.

« Cette année, nous entamons la saison des ouragans avec un entrepôt vide », a regretté Mme Castro. « Si des ressources ne sont pas rapidement mobilisées, nous ne pourrons tout simplement pas répondre : pas de stocks de secours, pas de tampon logistique, pas de filet de sécurité pour les plus vulnérables », a t-elle ajouté.

Dans les années précédentes, le PAM disposait de réserves humanitaires prépositionnées sur le territoire, ce qui lui permettait de venir en aide à 250 000 à 500 000 personnes immédiatement après une catastrophe naturelle. Aujourd’hui, la situation est très critique. « Un seul ouragan pourrait plonger des millions de personnes dans une catastrophe humanitaire », a prévenu Mme Castro.

Face à ces menaces convergentes — violences, faim, déplacement et climat — le PAM appelle la communauté internationale à une mobilisation urgente. « Nous ne pouvons pas oublier le peuple haïtien », a conclu Mme Castro, lançant un appel pressant aux donateurs et partenaires humanitaires pour éviter que la crise ne s’aggrave davantage.

 

Partager cet article