Les agents du Service de l’immigration et des douanes des États-Unis (ICE) ont arrêté un travailleur sans papiers soupçonné de conduite en état d’ébriété. Pourtant, selon sa famille, l’homme ne sait pas conduire, ne possède pas de voiture et se déplace exclusivement à vélo.
Les faits se sont déroulés le 30 mai dernier à Great Barrington, dans le Massachusetts, sur le lieu de travail du jardinier — dont l’identité n’a pas été rendue publique — selon les informations rapportées par le média local The Berkshire Edge et reprises par Newsweek.
Des agents fédéraux, le visage couvert de masques, ont interpellé l’homme sur Maple Avenue alors qu’il s’occupait de l’entretien d’une propriété. La scène a été filmée et partiellement diffusée dans les médias. Linda Shafiroff et Sarah Stiner, copropriétaires de l’entreprise Creative Building Solutions, située sur les lieux, ont tenté d’intervenir pendant l’arrestation, bien que le jardinier ne soit pas directement leur employé.
Selon Stiner, un SUV aux vitres teintées était stationné dans leur parking privé plusieurs heures avant l’arrivée du jardinier. Peu après, d’autres véhicules remplis d’agents sont venus en renfort. Shafiroff, arrivée pendant l’interpellation, a confronté les agents : « Nous n’avons pas besoin de vous montrer nos pièces d’identité », lui a répondu l’un d’eux. Elle a rétorqué : « Et comment savons-nous alors que vous êtes des agents fédéraux ? » L’agent a simplement répondu : « Contactez la police locale. »
Dans la vidéo, Shafiroff commente la scène : « Cet homme a du mal à entrer dans le véhicule. Ils le forcent à monter, les mains coincées derrière le dos, et tout ce qu’ils disent, c’est qu’ils recherchent un conducteur en état d’ivresse. »
Pourtant, selon un proche cité par The Berkshire Edge, l’homme ne possède pas de véhicule et n’a jamais appris à conduire. Son unique moyen de transport est une bicyclette.
Interrogée par CNN, l’ICE a confirmé que les agents visibles dans la vidéo étaient bien des membres des forces de l’ordre fédérales. L’agence a précisé que l’homme interpellé est un « citoyen colombien en situation irrégulière ayant violé les conditions de sa remise en liberté en ne se présentant pas aux autorités migratoires ».
Depuis le retour de Donald Trump à la présidence en janvier 2025, son administration a réactivé une politique migratoire agressive, visant à expulser des millions d’immigrants en situation irrégulière. Stephen Miller, chef de cabinet adjoint de la Maison-Blanche, a déclaré sur Fox News que l’objectif était d’atteindre « un minimum de 3 000 arrestations par jour » effectuées par l’ICE — un chiffre qui pourrait encore augmenter. Ce quota n’est pas sans conséquences pour les communautés d’immigrants. Plusieurs cas d’arrestations, voire de déportations, de migrants légaux sans casier judiciaire ont été rapportés, uniquement pour atteindre le nombre d’interpellations fixé par l’administration.
Mais cette intensification suscite de nombreuses inquiétudes. Des critiques accusent l’administration Trump de violer les droits fondamentaux, de contourner des décisions judiciaires et de procéder à des arrestations arbitraires.
Linda Shafiroff a déclaré au Berkshire Edge : « Ce qui m’a le plus choquée, c’est le niveau d’intimidation. Ils étaient couverts de la tête aux pieds, sans identifiants. Ce n’est pas ainsi que les policiers se comportent. Les policiers respectent les citoyens et savent que nous avons des droits. Eux, ils ressemblaient à des voyous. »
De son côté, Patricia Hyde, directrice par intérim du bureau de l’ICE pour la région de Boston, a défendu l’action de ses équipes dans un communiqué : « Le Commonwealth du Massachusetts est plus sûr aujourd’hui grâce au travail acharné et à la détermination des hommes et des femmes de l’ICE et de nos partenaires fédéraux. » Elle a ajouté : « Ne vous y trompez pas : toutes les personnes arrêtées enfreignaient les lois sur l’immigration, mais la majorité d’entre elles avaient un passé criminel important. Ce sont des criminels qui ont fait des victimes innocentes et traumatisé des communautés entières — des meurtriers, des violeurs, des trafiquants de drogue, des prédateurs sexuels et des membres de gangs criminels transnationaux. »
Pour l’instant, la famille de l’homme interpellé affirme ne pas avoir eu de nouvelles de lui. L’affaire reste entourée de zones d’ombre, notamment concernant l’origine exacte des soupçons ayant mené à son arrestation.
Source principale : Newsweek, article de Khaleda Rahman, publié le 3 juin 2025
