Des agents fédéraux de l’immigration ont effectué mardi plusieurs interpellations devant le tribunal de l’immigration de Phoenix, en Arizona, provoquant une forte réaction des avocats et des défenseurs des droits des migrants. D’après Newsweek, l’opération a été caractérisée par une atmosphère de « chaos », selon les mots d’un avocat témoin de la scène.
Les arrestations se sont produites à l’issue des audiences du tribunal de l’immigration. Plusieurs individus, dont certains pensaient leurs procédures administratives terminées, ont été appréhendés sans avertissement. Isaac Ortega, avocat spécialisé en droit de l’immigration à Phoenix, a indiqué au Tucson Sentinel que « des personnes ont été arrêtées immédiatement après leurs audiences, alors qu’elles croyaient leurs dossiers résolus », selon Newsweek.
Ortega a souligné que les agents portaient des masques et ne présentaient aucun insigne d’identification, se désignant simplement comme des « officiers fédéraux ». Son client, sans casier judiciaire et entré légalement aux États-Unis via le programme CBP, a été interpellé alors qu’il se préparait pour un entretien de « crainte crédible », une étape cruciale dans le processus de demande d’asile.
À ce moment-là, la destination de la personne arrêtée restait incertaine, entre un transfert vers un centre de détention à Eloy, Florence, ou dans un autre État, a précisé Ortega à Newsweek.
Une séquence vidéo partagée par un journaliste de KTAZ-TV, affiliée à Telemundo à Phoenix, montre plusieurs agents fédéraux encerclant une femme devant le tribunal. Un véhicule blanc officiel, identifiable par ses plaques gouvernementales, était garé à proximité. Selon les proches de la femme arrêtée, elle aurait été avisée d’une expulsion immédiate.
De son côté, l’avocat Eugene Delgado a révélé au AZ Central avoir été témoin de l’arrestation de son client, menotté à la sortie d’une audience. Dans le parking, il a remarqué plusieurs agents en tenue noire, dont l’un était équipé d’une arme longue. Selon Delgado, ces actions pourraient refléter une nouvelle approche visant à intensifier les arrestations, sans considération des antécédents judiciaires, contrairement à la politique antérieure qui ciblait principalement les individus présentant un danger.
Ces interpellations surviennent quelques mois après que le Département de la Sécurité intérieure (DHS) a modifié, en janvier 2025, sa politique concernant les arrestations dans les « zones sensibles », telles que les tribunaux ou les centres médicaux. Cette directive visait auparavant à permettre aux immigrants d’accéder aux services judiciaires sans crainte d’arrestation.
Un représentant d’ICE (U.S. Immigration and Customs Enforcement) a déclaré à Newsweek que l’agence « poursuit sa mission d’identification et d’expulsion des étrangers en violation des lois d’immigration américaines ». Il a précisé : « Tout étranger en situation irrégulière peut être arrêté, détenu et expulsé si une décision finale le juge expulsable. »
Concernant les opérations actuelles, le porte-parole a décliné tout commentaire « pour des raisons de sécurité opérationnelle et la protection du personnel ».
L’avocate Nera Shefer, s’exprimant auprès d’AZ Central, a affirmé que « la plupart se retrouveront dans leur pays d’origine dès demain ». Elle dénonce la violence de ces arrestations et leurs conséquences immédiates sur les familles.
Isaac Ortega a exprimé sa frustration face au manque de transparence et à l’anxiété permanente de ses clients. « Cette navigation constante entre les différentes instances est épuisante », a-t-il confié au Tucson Sentinel.
Cette opération s’inscrit dans la politique migratoire stricte de l’administration Trump, caractérisée par des rafles intensifiées, la suppression des protections temporaires, et une volonté d’accélérer les expulsions, même pour les migrants sans antécédents criminels.
Les défenseurs des droits des migrants s’inquiètent que les tribunaux, supposés être des sanctuaires de justice, se transforment en zones d’angoisse et d’appréhension pour les sans-papiers.
Source : Article basé sur le reportage original de Billal Rahman pour Newsweek, publié le 21 mai 2025.