Boston célèbre l’ouverture historique de son premier centre culturel haïtien

Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul
Journalist/ Storyteller
Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...

Les couleurs bleu et rouge du drapeau haïtien flottaient majestueusement au-dessus de Lovejoy Wharf, un quartier huppé situé au coeur du Centre commercial de Boston ce mardi 20 mai, tandis que la communauté haïtienne  se rassemblait pour célébrer l’inauguration du Toussaint Louverture Cultural Center, le premier centre culturel haïtien de la ville et de toute la Nouvelle-Angleterre. Cette inauguration représente une étape cruciale dans la reconnaissance d’un patrimoine culturel longtemps resté dans l’ombre.

Cette réalisation est le fruit de plus de vingt ans de persévérance, menée par le couple dévoué Wilner Auguste et son épouse, qui ont œuvré sans relâche pour concrétiser ce rêve ambitieux.

La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence des figures emblématiques de la communauté haïtienne bostonienne, avec la participation notable de Michelle Wu, maire de la ville, et de Ruthzee Louijeune, présidente du conseil municipal de Boston.

Installé dans le quartier dynamique du West End, le centre abrite une galerie d’art impressionnante, une bibliothèque bien fournie, des archives précieuses, et propose un programme éducatif innovant. Selon Marvin Mathelier, directeur exécutif, l’ambition du centre va bien au-delà d’une simple vitrine culturelle.

 » Notre mission est avant tout pédagogique. Nous devons contrer les préjugés sur Haïti en mettant en lumière nos apports, notre histoire riche et notre héritage culturel « , souligne-t-il. Il envisage de créer des liens solides entre les différents centres culturels haïtiens aux États-Unis pour renforcer leur impact collectif.

La direction du centre est confiée à de jeunes talents prometteurs, dont Milady Auguste, étudiante haïtienne à Harvard, pour qui ce lieu représente un nouveau souffle. « Ici, nous pouvons exprimer notre identité dans toute sa richesse : notre gastronomie, nos traditions musicales, notre patrimoine littéraire, nos combats. Ce centre est le reflet de notre essence. »

Karm-Syndia, responsable de la programmation, considère le centre comme un trait d’union entre les cultures : « Notre ambition est double : faire découvrir Haïti aux Bostoniens et permettre aux Haïtiens d’explorer la diversité culturelle de Boston. »

Soutenu par des institutions prestigieuses telles que la Barr Foundation et Related Beal, le centre bénéficie également d’un fort soutien politique local. Ruthzee Louijeune, première Haïtiano-Américaine à présider le conseil municipal de Boston, a partagé un message poignant en créole : « Se pa kado blan te fè nou, se san zansèt nou yo ki te koule. » Ces mots rappellent que chaque victoire a été gagnée par la persévérance et le sacrifice.

Le centre porte fièrement le nom de Toussaint Louverture, figure emblématique de la Révolution haïtienne, que Marvin Mathelier qualifie avec révérence de « notre Spartacus noir « . Un symbole intemporel de la lutte pour la liberté, dont l’héritage continue d’inspirer les combats contemporains pour la justice.

Cette inauguration marque non pas une fin, mais un commencement prometteur. Le centre incarne une mission essentielle : transmettre, éduquer et favoriser le dialogue interculturel. Il offre enfin à l’histoire haïtienne la place qu’elle mérite dans le grand récit américain.

Par une coïncidence troublante, cette célébration intervient peu après la décision de la Cour suprême américaine concernant le Statut de protection temporaire (TPS) des Vénézuéliens. Cette situation inquiète particulièrement pour les plus de 500 000 Haïtiens bénéficiant actuellement de ce programme, comme l’a souligné le docteur Dieufort Fleurissaint, affectueusement connu comme Pasteur Kiki.

La maire de Boston a réaffirmé l’engagement de la ville envers la communauté haïtienne. Elle a critiqué la politique migratoire du président Trump, qu’elle qualifie de « raciste ». Elle souligne que Boston participe activement à une action en justice contre les initiatives MAGA visant à expulser les immigrants haïtiens et d’autres communautés.

L’inauguration a été enrichie par une exposition d’œuvres d’artistes de l’Assemblée des artistes haïtiens.

La soirée s’est conclue en beauté avec les prestations remarquables de la troupe KS Dance Studio de Karm-Syndia et des musiciens talentueux de l’orchestre de l’IFSI.

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