Le dirigeant du Secteur Démocratique et Populaire, Me André Michel, dénonce l’hypocrisie et le gaspillage du Collège Présidentiel de Transition (CPT), qui s’apprête à dépenser plus de 300 millions de gourdes pour la célébration de la fête du drapeau, prévue le 18 mai prochain.
Responsable politique et également signataire de l’accord du 21 décembre — dont un représentant siège au CPT — Me Michel critique vivement les dépenses envisagées pour cet événement national. Il affirme que le CPT, présidé par Fritz Alphonse Jean, prévoit de débloquer entre 300 et 400 millions de gourdes pour les festivités. Un montant jugé indécent par l’avocat, surtout dans un contexte national marqué par l’insécurité, la précarité institutionnelle et une misère croissante.
Dans sa publication, Me Michel rappelle qu’en 2023, le gouvernement dirigé par le Dr Ariel Henry avait déjà été critiqué pour avoir dépensé 90 millions de gourdes à l’occasion de cette même fête. Il souligne que l’un des détracteurs les plus virulents de cette dépense était justement Fritz Jean, alors président élu de l’accord Montana. « L’histoire fait bien les choses », ironise Me Michel, pointant une incohérence flagrante entre les critiques d’hier et les décisions d’aujourd’hui.
Pour Me Michel, ce budget est d’autant plus choquant que le pays traverse une crise sécuritaire sans précédent. « Les gangs armés contrôlent 90 % de la capitale », écrit-il, ajoutant que » plus de 1,4 million de personnes sont déplacées » et que « nos forces de l’ordre, qui manquent de tout, travaillent dans des conditions extrêmement précaires « . À ses yeux, ces dépenses relèvent d’un » luxe irresponsable » dans un pays en détresse, où les institutions peinent à répondre aux besoins fondamentaux de la population.
L’avocat va plus loin en affirmant qu’il commence à comprendre les motivations réelles de ceux qui, selon lui, ont contribué à renverser le gouvernement d’Ariel Henry. Il accuse les membres du CPT d’avoir pactisé avec ce qu’il qualifie de « coalition criminelle et terroriste VIV ANSANM » pour s’emparer du pouvoir. « Yo te bezwen vini vòlè ! », lance-t-il sans détour, traduisant l’ampleur de son indignation.
Cette prise de position intervient alors que l’opinion publique semble de plus en plus sceptique quant à l’efficacité et à la légitimité du CPT. L’annonce de telles dépenses, dans un contexte de crise aiguë, risque d’alimenter davantage un climat de méfiance. « Le train de la décantation historique est bel et bien en marche ! », conclut Me Michel, non sans contradiction, lui qui n’avait pourtant pas levé le petit doigt pour dénoncer ces mêmes pratiques sous le gouvernement d’Ariel Henry, il y a à peine un an.