États-Unis : Donald Trump impose l’anglais obligatoire aux chauffeurs routiers professionnels

Emmanuel Paul

Il y a des nouvelles que l’on peine à croire, même après les avoir lues dans les médias les plus crédibles. Celle-ci en fait assurément partie.

Dans un décret publié le 28 avril 2025, le président Donald Trump a ordonné l’application stricte d’une règle fédérale exigeant que tous les conducteurs de véhicules commerciaux maîtrisent l’anglais. Présentée comme une mesure de sécurité routière « non négociable », cette décision vient renforcer une politique linguistique déjà controversée de l’administration Trump.

Selon la Maison-Blanche, cette obligation est justifiée par la nécessité, pour les chauffeurs, de lire les panneaux de signalisation, de comprendre les instructions des policiers, des agents frontaliers ou des responsables de stations de contrôle de poids, et de pouvoir répondre aux demandes officielles. « L’anglais est une exigence de sécurité non négociable pour les chauffeurs professionnels », peut-on lire dans l’introduction du décret.

Ce décret intervient moins de deux mois après que Donald Trump a officiellement désigné l’anglais comme langue nationale, à travers l’Ordre exécutif 14224. Le président américain y voit une étape indispensable pour protéger « la sécurité des camionneurs américains, des conducteurs, des passagers et du public », tout en renforçant « l’unité nationale ».

La loi fédérale, citée dans le décret, exige déjà que les chauffeurs puissent « lire et parler suffisamment l’anglais pour dialoguer avec le public, comprendre les panneaux de signalisation, répondre aux questions officielles et remplir les rapports ». Mais selon le président, cette règle n’avait plus été appliquée correctement depuis des années, « rendant les routes américaines moins sûres ».

Le décret ordonne au secrétaire aux Transports, Sean Duffy, ainsi qu’à l’Agence fédérale de sécurité des transporteurs routiers (FMCSA), de révoquer les directives précédentes en matière de tolérance linguistique, notamment le document English Language Proficiency Testing and Enforcement Policy datant de 2016. Ils devront également mettre à jour les critères permettant de retirer de la circulation tout conducteur ne répondant pas à l’exigence linguistique.

Le décret va plus loin que la seule question linguistique. Il ordonne également une révision des permis de conduire commerciaux délivrés aux conducteurs non domiciliés (non-domiciled CDLs), dans le but de détecter d’éventuelles fraudes ou anomalies. Des mesures de renforcement des vérifications de validité des permis, y compris ceux délivrés à l’international, sont également prévues.

Enfin, le président a demandé au département des Transports d’élaborer, dans un délai de 60 jours, un ensemble d’actions visant à améliorer les conditions de travail des routiers américains.

Cette décision s’inscrit dans une série de mesures restrictives en matière d’immigration et d’identité culturelle, présentées sous couvert de sécurité publique. Elle intervient dans un contexte électoral tendu, où la Maison-Blanche cherche à démontrer sa fermeté sur la question de « l’américanisation » des institutions et du marché du travail.

Si l’administration insiste sur la nécessité d’un langage commun pour garantir la sécurité routière, des voix critiques dénoncent une instrumentalisation de la langue à des fins politiques, notamment contre les travailleurs immigrants.

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