Une immigrante haïtienne décède dans un centre de détention de l’ICE : des voix s’élèvent pour dénoncer les conditions de traitement des migrants

Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul
Journalist/ Storyteller
Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...

Marie Angie Blaise, une immigrante haïtienne, est décédée le 25 avril dernier alors qu’elle se trouvait sous la garde de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) au Broward Transitional Center, un centre de détention pour migrants situé à Deerfield Beach, dans le comté de Broward, en Floride. Elle était âgée de 44 ans.

D’après les informations rapportées par le Miami Herald, la cause exacte de sa mort n’a pas encore été déterminée. Une enquête est actuellement en cours. Une détenue du même centre a confié au journal que Mme Blaise s’était plainte de douleurs thoraciques dans la journée de vendredi. Après avoir eu une tension artérielle élevée (156), elle aurait reçu des médicaments et aurait été invitée à se reposer. Peu après, elle aurait crié de douleur en se tenant la poitrine avant de perdre connaissance. Elle a été déclarée morte à 20h35, selon le journal floridien.

Cette mort tragique a suscité l’indignation de plusieurs organisations de défense des droits des immigrants.

Guerline Jozef, directrice exécutive de l’organisation Haitian Bridge Alliance, a exprimé sa profonde tristesse et a dénoncé une situation symptomatique de la maltraitance systémique dont sont victimes les migrants, en particulier les Haïtiens. « Cette mort est la conséquence de politiques cruelles et inhumaines », a-t-elle déclaré, réclamant une transparence totale sur les circonstances du décès de Mme Blaise.

Selon le Miami Herald, Mme Blaise avait été arrêtée par les agents des douanes américaines à l’aéroport de Saint Croix, dans les îles Vierges américaines, alors qu’elle tentait d’embarquer pour Charlotte, en Caroline du Nord, sans visa valide. Elle avait été transférée successivement à San Juan (Porto Rico), Oakdale (Louisiane), puis au centre de Broward où elle est restée à partir du 5 avril.

Le cas de Marie Blaise met également en lumière une problématique plus large : l’arrestation croissante de personnes issues des territoires américains comme les îles Vierges ou Porto Rico, souvent traitées comme des immigrants en situation irrégulière alors qu’elles se déplacent à l’intérieur du territoire national.

Mme Jozef rappelle que « beaucoup de personnes avec un statut de protection temporaire (TPS) ou d’autres formes de protection légale sont détenues de façon injustifiée alors qu’elles ne franchissent pas une frontière étrangère. » Elle souligne le manque de compréhension de certains agents de l’immigration face à ces situations.

Ce décès survient alors que le traitement réservé aux migrants haïtiens en détention attire de plus en plus l’attention. Toujours selon le Miami Herald, un autre cas récemment médiatisé est celui du Dr Delange Augustin, un médecin haïtien de 31 ans, détenu depuis mars au centre de détention de Robert A. Deyton en Géorgie. Il avait été appréhendé après avoir eu une crise psychotique à bord d’un vol entre Atlanta et Miami. Sa sœur dénonce un manque total de soins adaptés à son état de santé mentale.

Dans un communiqué, l’ICE assure que des soins médicaux, dentaires et psychiatriques sont disponibles dès l’arrivée des personnes dans les centres de détention, avec une présence médicale 24h/24. L’agence affirme que les détenus ne se voient jamais refuser des soins d’urgence.

Cependant, face à ces promesses, les familles des victimes et les défenseurs des droits humains réclament des comptes. La mort de Marie Blaise, ajoutée aux nombreux cas de détentions contestées, nourrit une inquiétude croissante sur les conditions de traitement des migrants noirs, en particulier ceux venant d’Haïti.

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche il y a plus de trois mois, de nombreux cas de traitements inhumains dans les centres de détention de l’ICE ont été signalés par des avocats et des organisations de défense des droits des immigrants.
Le président américain, issu du mouvement d’extrême droite MAGA, fait très peu de cas de ces critiques. Il ne jure que par la déportation de plus de 11 millions d’immigrants en situation irrégulière. Il avait fait du cas des Haïtiens l’une de ses principales priorités depuis la campagne électorale.

 

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