Bradley Bartell, un Américain du Wisconsin, n’aurait jamais imaginé que son vote en faveur de Donald Trump lors de la dernière présidentielle se retournerait contre lui de manière aussi brutale.
Son épouse, Camila Muñoz, une Péruvienne installée aux États-Unis depuis plusieurs années, est détenue depuis plus d’un mois par les services de l’immigration (ICE). Son seul crime : un visa expiré en pleine pandémie, a rapporté USA Today, cité par BFMTV.
Le cauchemar du couple commence en février dernier. Bradley et Camila reviennent tout juste de leur lune de miel à Porto Rico lorsqu’à leur arrivée à l’aéroport, un agent de l’immigration aborde Camila et lui demande si elle est citoyenne américaine. À sa réponse négative, elle est immédiatement placée en détention et transférée dans un centre pour immigrants en Louisiane, où elle se trouve toujours un mois plus tard.
Bradley Bartell est sous le choc. « Qu’est-ce que je fais, bordel ? », lance-t-il, désemparé, alors qu’il assiste impuissant à l’arrestation de sa femme, rapporte USA Today. Il ne comprend pas comment une femme sans casier judiciaire, qui travaille et paie ses impôts aux États-Unis, peut être enfermée comme une criminelle. « C’est absurde », dénonce-t-il.
Ce qui le choque encore plus, c’est que, lors de leur départ pour Porto Rico, Camila avait passé les contrôles sans aucun problème. Pourquoi son retour a-t-il été si différent ?
Originaire du Pérou, Camila Muñoz a posé ses valises aux États-Unis grâce à un visa temporaire. Après avoir obtenu un diplôme en ressources humaines, elle décroche un contrat d’alternance dans un parc d’attractions du Wisconsin.
Mais son visa expire au plus fort de la pandémie de Covid-19. Incapable de rentrer au Pérou, elle reste sur le territoire américain et trouve de nouveaux emplois : d’abord dans une ferme locale, puis dans un hôtel, tout en continuant à travailler dur pour subvenir à ses besoins.
Malgré son statut administratif incertain, elle paie ses impôts et possède un formulaire W-2, preuve qu’elle contribue à l’économie du pays. Pourtant, cela ne l’a pas protégée d’une arrestation brutale et d’une possible expulsion, se désole son mari, dont les propos sont rapportés par USA Today.
Bradley Bartell n’est pas un opposant aux politiques de Donald Trump. Bien au contraire : il a voté pour lui en novembre dernier, convaincu par ses promesses de renforcer la sécurité aux frontières et d’expulser les « immigrants illégaux criminels ».
Mais aujourd’hui, il regrette amèrement son choix. « Je savais que (les autorités) sévissaient, mais j’imagine que je ne savais pas comment ça allait se passer », confie-t-il à USA Today. Ce qu’il considérait comme une mesure de bon sens lui apparaît désormais sous un tout autre jour : une politique impitoyable qui broie des vies, y compris celles de personnes parfaitement intégrées comme son épouse.
« (Les policiers) savent qui elle est et d’où elle vient. Il faut qu’ils fassent des recherches approfondies et qu’ils ne gardent pas ces personnes enfermées », dénonce-t-il.
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les services d’immigration ont considérablement durci leurs pratiques. Jesse Franzblau, analyste politique au National Immigrant Justice Center, explique que l’ICE a « élargi considérablement son champ d’action », ce qui signifie que des personnes habituellement épargnées par ces mesures sont désormais arrêtées, révèle BFMTV citant USA Today.
L’avocat de Camila, David Rozas, spécialisé en immigration, rappelle quant à lui que « toute personne qui n’est pas un résident permanent légal ou un citoyen américain est menacée de devoir quitter le pays », souligne-t-il dans une interview à USA Today.
Derrière cette affaire, c’est toute la vie de Bradley et Camila qui est en suspens. Depuis son arrestation, le couple voit ses économies fondre en frais d’avocat. « Je suis inquiet pour elle. (…) C’est du gâchis », confie Bradley Bartell, la voix brisée, décrit USA Today.
Au-delà des conséquences financières, c’est l’avenir même de leur couple qui est menacé. Si Camila est expulsée, pourra-t-elle revenir aux États-Unis un jour ? Ou devront-ils envisager une vie ensemble loin du pays où ils s’étaient installés ?
En attendant, Camila Muñoz reste derrière les barreaux, prisonnière d’un système que son propre mari avait soutenu, sans jamais imaginer qu’il finirait par frapper à sa propre porte.