La politique d’expulsion agressive de l’administration Trump met sérieusement en péril la sécurité des agents de l’ICE ainsi que celle des immigrants déportés vers l’Afrique de l’Est.
Dans le cadre d’une opération visant à déporter huit immigrants présentés comme des criminels, l’administration Trump a envoyé treize agents de l’ICE à Djibouti. Ils se retrouvent maintenant tous confinés dans un conteneur maritime transformé en centre de détention temporaire, suite à une décision judiciaire imprévue qui aurait interrompu leur vol de déportation.
D’après le Washington Post, cité par le DailyBeast, les huit personnes expulsées — originaires du Myanmar, de Cuba, du Vietnam, du Laos, du Mexique et du Soudan du Sud — ont été déportées fin mai par l’administration Trump, qui les a qualifiées de criminels condamnés. Face au refus de leurs pays d’origine de les accueillir, les autorités américaines les ont dirigés vers le Soudan du Sud. Cependant, un juge fédéral a ensuite décrété qu’ils avaient le droit de contester leurs condamnations devant la justice américaine. Cette décision judiciaire inattendue et le refus du gouvernement américain de rapatrier les immigrants ont créé une situation pour le moins compliquée pour les agents et les personnes déportées.
Ils demeurent donc bloqués sur place, dans des conditions extrêmes, en attendant une solution qui pourrait prendre plusieurs semaines.
Selon les rapports du DHS, seulement six lits sont disponibles pour les vingt-et-une personnes, forcées de cohabiter dans un espace confiné, sans ventilation adéquate, exposées à des températures excédant les 40 °C (plus de 100 °F).
Dans un document soumis au tribunal, Mellisa Harper, responsable de l’ICE et du Département de la Sécurité intérieure (DHS), dépeint une situation sanitaire alarmante. Les agents présentent des symptômes inquiétants tels que « toux persistante, détresse respiratoire, poussées de fièvre et douleurs articulaires ». L’atmosphère est décrite comme particulièrement toxique : pendant la nuit, un « épais nuage de fumée » issu de la combustion de détritus et de matières fécales enveloppe le conteneur. Le DHS rapporte que certains agents sont contraints de dormir avec des masques respiratoires et précise qu’à leur arrivée, le Département de la Défense américain les avait avertis de risques imminents d’attaques aux roquettes par des groupes terroristes yéménites. « Les agents de l’ICE ne disposent d’aucun équipement de protection balistique en cas d’attaque », s’alarme-t-elle, sans préciser si l’administration Trump prévoit une évacuation rapide des agents et des immigrants.
Les conditions de détention des migrants sont tout aussi préoccupantes. Selon Harper, ils sont limités à une douche quotidienne et subissent des fouilles systématiques lors de chaque déplacement aux toilettes, situées à plus de 40 mètres du conteneur. « La salle de conférence servant de lieu de détention n’est ni adaptée ni équipée pour héberger des détenus, particulièrement ceux considérés à haut risque », souligne-t-elle. L’absence de dispositifs de sécurité appropriés rend impossible l’isolement des individus en cas de conflit, mettant en danger le personnel sur place.
Malgré sa capacité à rapatrier les agents de l’ICE et les immigrants, l’administration Trump tente de faire porter la responsabilité au juge Brian E. Murphy du Massachusetts.
Le gouvernement fédéral, dénonçant un « abus judiciaire et une violation de son autorité fédérale en matière d’expulsion », a annoncé jeudi avoir saisi la Cour suprême pour cette affaire.
« Ce juge du Massachusetts compromet gravement la sécurité de nos agents de l’ICE, les abandonnant à Djibouti sans moyens suffisants, privés d’assistance médicale et exposés à des terroristes anti-américains », a dénoncé Tricia McLaughlin, porte-parole du DHS, sur X (anciennement Twitter). Elle a poursuivi : « Nos agents @ICEgov étaient simplement chargés d’accompagner huit criminels condamnés sous le coup d’ordres d’expulsion définitifs, des individus si dangereux qu’aucune nation ne souhaitait les recevoir. C’est tout simplement scandaleux et irrationnel. »
Ces allégations ont été fermement rejetées par le juge, qui affirme que l’administration Trump est l’unique responsable de cette situation critique.
Les avocats des personnes expulsées ont vivement protesté contre les conditions de détention imposées par le DHS.