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 Des représentants  de l’accord du 3 avril 2024 dénoncent les dérives du Conseil présidentiel de Transition

Marcia Moise
On Thursday, April 25, 2024, Interim Prime Minister Michel Patrick Boisvert (fifth from the left) joined members of a transitional council in Port-au-Prince, Haiti, to take a group photo. The council is responsible for selecting a new prime minister and cabinet. Photo Credit: (AP Photo/Ramon Espinosa)

La gestion de la transition politique en Haïti continue de diviser les organisations représentées au sein du College Présidentiel de Transition.

Dans une note publiée le 13 décembre 2024, les représentants signataires de l’accord politique du 3 avril 2024 ont exprimé leurs vives inquiétudes face à la dégradation sociopolitique du pays.

Ils critiquent les décisions controversées prises par le Conseil présidentiel de Transition (CPT), accusé de se démarquer de l’objectif de la transition pour des intérêts partisans.

Les représentants dénoncent les actions récentes du CPT, contraires aux principes établis dans la déclaration finale de la Jamaïque du 11 mars 2024, l’accord politique du 3 avril 2024 et le décret du 10 avril 2024 portant création du CPT.

Ils pointent particulièrement le renvoi du Premier ministre Garry Conille et la formation d’un gouvernement partisan dirigé par Alix Didier Fils-Aimé.

Selon eux, ces décisions ” violent les lois en vigueur et les termes du consensus politique”.

Les critiques visent également la nouvelle alliance politique au pouvoir, dominée par Fanmi Lavalas et ses alliés du secteur politique et économique. Les signataires estiment que cette alliance cherche à ” prendre le contrôle du gouvernement de transition ” et à se maintenir au pouvoir malgré ses échecs électoraux répétés en 2006, 2011, 2015 et 2016.

Les changements opérés dans la diplomatie haïtienne lors du conseil des ministres du 11 décembre 2024 renforcent ces inquiétudes.

La situation sécuritaire en Haïti continue de se détériorer. En novembre 2024, environ 20 000 citoyens ont été chassés de leurs résidences dans le centre de Port-au-Prince, notamment à Bel-Air, Solino, Nazon et Christ-Roi, sans aucun recours ni secours.

Les violences des gangs perturbent également le fonctionnement des institutions. Plusieurs ministres n’ont plus accès à leurs bureaux à Port-au-Prince, tandis que des lieux stratégiques comme la Cour de cassation, la Cour supérieure des comptes et le haut commandement des Forces armées d’Haïti restent inaccessibles.

Entre les 7 et 8 décembre 2024, le gang de Mikanor a massacré près de 200 personnes à Petite-Rivière de l’Artibonite, malgré la présence de la Police nationale d’Haïti (PNH) et des forces de la Mission multinationale de soutien et de sécurité (MMSS).

Les représentants signataires accusent trois conseillers présidentiels du CPT d’être impliqués dans le scandale de corruption de la Banque nationale de crédit (BNC), selon le juge d’instruction Benjamin Félius.

Ils critiquent également la formation d’un comité de pilotage de la Conférence nationale et d’un groupe de travail qu’ils jugent éloignés des objectifs de la transition.

Estimant la mission du CPT caduque, les représentants appellent à une concertation élargie avec d’autres secteurs non signataires de l’accord du 3 avril 2024. Ils proposent un nouvel accord, qualifié d’”accord du 30 janvier”, incluant des forces politiques comme EDE, RED et Pitit Desalin. Cet accord devrait permettre de garantir un gouvernement stable, la paix civile, le développement durable et l’amélioration des conditions de vie des Haïtiens, ont promis les signataires de la note.

 

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