Le gouvernement britannique a renforcé ses contrôles migratoires, entraînant l’arrestation de 3 930 personnes employées illégalement dans des établissements tels que des salons de manucure, des stations de lavage automobile et des restaurants. Ces opérations se sont déroulées entre le 5 juillet 2024, date de l’arrivée au pouvoir du Parti travailliste, et le 31 janvier 2025, marquant une hausse de 38 % par rapport à l’année précédente.
Selon The Independent, les autorités considèrent que de nombreux migrants sont victimes de fausses promesses sur leur droit à travailler et résider légalement au Royaume-Uni. Attirés par des réseaux clandestins organisant leur passage, ils se retrouvent souvent dans des conditions de travail difficiles, exploités par des employeurs cherchant à contourner la législation et la fiscalité en vigueur.
La ministre de l’Intérieur, Yvette Cooper, a souligné que son gouvernement entendait appliquer la loi avec fermeté. Elle a insisté sur le fait que la tolérance passée à l’égard du travail illégal avait favorisé l’exploitation des migrants et alimenté les réseaux criminels. Cette situation, selon elle, met en danger les travailleurs concernés tout en portant atteinte à l’économie britannique.
Les actions des services d’immigration ont connu une intensification notable en janvier 2025, avec 828 contrôles et 609 interpellations, un record pour cette période. The Independent rapporte que le Pays de Galles et l’ouest de l’Angleterre ont enregistré une augmentation significative des arrestations, passant de 45 en janvier 2024 à 101 en janvier 2025.
Parallèlement, le gouvernement britannique a lancé des campagnes sur les réseaux sociaux pour décourager les migrants d’entrer illégalement sur son territoire. Des messages ont été diffusés notamment au Vietnam et en Albanie, mettant en avant les témoignages de personnes ayant tenté l’immigration illégale et se retrouvant confrontées à des conditions précaires et à l’endettement.
En outre, la législation sur la sécurité aux frontières, l’asile et l’immigration est actuellement en discussion au Parlement. Ce projet de loi vise à instaurer de nouvelles infractions et des pouvoirs accrus pour lutter contre les passeurs de migrants. Le Premier ministre, Sir Keir Starmer, a affirmé sa volonté de traiter ces réseaux criminels avec la même sévérité que les organisations terroristes. Parmi les nouvelles dispositions envisagées, toute personne facilitant les traversées de la Manche en fournissant du matériel pourrait encourir jusqu’à 14 ans de prison, tandis que ceux mettant des vies en danger en mer risqueraient une peine de cinq ans.
Toutefois, certaines organisations de défense des droits humains expriment des préoccupations quant à cette nouvelle législation. L’ONG Liberty met en garde contre le risque d’un usage excessif des mesures antiterroristes dans des affaires migratoires. De son côté, le Comité international de secours plaide pour la mise en place de voies légales d’immigration afin d’éviter que les migrants ne se tournent vers des passeurs et des itinéraires encore plus risqués.
Le projet de loi prévoit également l’abandon de l’accord visant à expulser des migrants vers le Rwanda, ainsi que la modification de certaines dispositions sur la migration illégale. Toutefois, certaines restrictions resteront en place, notamment la limitation du nombre de personnes pouvant entrer par des voies légales sécurisées et la durée maximale de rétention des migrants.
Le président de la Law Society of England and Wales, Richard Atkinson, appelle à une réforme plus approfondie en abrogeant totalement certaines mesures jugées préjudiciables et en renforçant l’accès à l’aide juridique pour les migrants. Il insiste sur le fait que toute nouvelle législation ne pourra être efficace que si des ressources suffisantes sont allouées aux services d’assistance juridique spécialisés.
Les discussions parlementaires et les réactions de l’opposition influenceront probablement la version finale de ce projet de loi, qui s’inscrit dans la stratégie du gouvernement travailliste visant à renforcer le contrôle migratoire et à lutter contre les réseaux exploitant les migrants.