Crise politique en Haiti: On en sait un peut plus sur la proposition du gouvernement Américain d’une transition politique de 18 mois

Emmanuel Paul
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Le Département d’État américain plaide en faveur d’une nouvelle transition politique de 18 mois en Haïti.

Lors d’une assemblée générale informelle des Nations-Unies, la représentante des États-Unis avait déclaré : “[…] Nous encourageons les acteurs politiques en Haïti à venir à la table pour le dialogue et à s’engager dans une transition politique de 18 mois. Car, s’il ne peut y avoir de solution politique durable sans sécurité, nous savons aussi que l’inverse est vrai.”

La diplomate américaine n’avait pas donné de détails sur cette nouvelle proposition.

Contacté par la rédaction de CaribbeanTelevisionNetwork, un porte-parole du ministère américain des affaires étrangères a insisté sur la nécessité qu’il y ait un dialogue franc entre les différents acteurs haïtiens en vue de parvenir à une sortie de crise. “Les États-Unis continuent d’appeler les acteurs politiques à surmonter leurs différences et à établir un consensus politique inclusif afin de permettre la tenue d’élections dès que les conditions le permettent”, a fait savoir le porte-parole, qui a réaffirmé la volonté des États-Unis de soutenir les efforts pour parvenir à un consensus sur une voie politique et encourage toutes les parties prenantes à faire progresser un dialogue constructif dans l’intérêt du peuple haïtien.

Invité à fournir des détails sur la proposition d’une nouvelle transition politique de 18 mois, le porte-parole n’était pas en mesure de fournir des explications. “Je vous renverrais aux parties prenantes haïtiennes pour les questions liées à la constitution et au processus électoral en Haïti”, a-t-il déclaré sèchement.

Le porte-parole a par ailleurs appelé à la mise en place au plus vite du processus devant aboutir à la “planification et la tenue d’élections libres et équitables.”

Le 19 décembre dernier, un groupe de six sénateurs américains a envoyé une lettre au président Joe Biden dans laquelle ils ont déploré le manque de volonté et l’incapacité du Premier ministre de facto Ariel Henry à favoriser une sortie de crise après plus de deux ans au pouvoir.

Pressé d’expliquer si la nouvelle transition devrait être dirigée par l’actuel Premier ministre, le porte-parole a déclaré que : “Le Département d’État américain a été clair : le Premier ministre Henry est une figure de transition en tant que chef du gouvernement d’Haïti. Nous, ainsi que la communauté internationale, collaborons avec le Premier ministre Henry et son administration sur diverses questions bilatérales et multilatérales.”

Dans leur lettre au chef de l’État américain, les sénateurs avaient également exprimé leurs inquiétudes sur le fait que la prochaine mission étrangère pourrait servir “la règle illégitime et inefficace” d’Ariel Henry.

Dans sa réponse à la rédaction de CTN, le porte-parole a clarifié que la force multinationale devrait être “une mission de soutien à la sécurité multinationale pour aider la police nationale haïtienne à créer un environnement sûr propice à la tenue d’élections libres et équitables” conformément à la résolution 2699 du Conseil de sécurité des Nations-Unies.

Plusieurs anciens diplomates américains ont accusé le Premier ministre Ariel Henry d’implication dans l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moise et d’être de connivence avec les gangs armés en Haïti. C’est le cas notamment de l’ancien ambassadeur américain en Afrique du Sud Patrick Gaspard et l’ancien envoyé spécial des États-Unis en Haïti Daniel Foote.

Invité à se prononcer sur ces accusations, un porte-parole du Département d’État a déclaré que : “En ce qui concerne l’enquête sur l’assassinat du président Moïse, les États-Unis continuent de soutenir la recherche de la justice et de la responsabilité pour ceux qui ont planifié, financé et perpétré ce crime odieux.”

Plusieurs individus ont déjà été condamnés par la justice américaine dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Jovenel Moise.

Le dernier en date est celui de l’ancien sénateur John Joel Joseph condamné à vie pour son implication dans la planification et l’exécution de l’assassinat de l’ancien président Moise.

En Haïti, le juge d’instruction Walter Voltaire continue son instruction. Mais très peu de progrès ont été faits. Le Premier ministre Ariel Henry a, jusqu’à présent, refusé de répondre aux questions du magistrat instructeur.

C’est dans ce contexte que le Kenya se prépare à déployer un premier groupe de 300 soldats en Haïti en février 2024. Des séances de formation sont organisées par les Nations-Unies pour les premiers contingents, avait révélé Linda Thomas-Greenfield, qui avait également précisé que la force multinationale devrait aussi fournir un soutien diplomatique, humanitaire, et renforcer des capacités en Haïti. “Cela inclut aider Haïti à s’engager sur la voie du développement durable. Et cela inclut la création d’une solution politique durable, avec des élections libres, équitables, transparentes et crédibles, que Haïti n’a pas eues depuis 2016”, clarifiait Linda Thomas-Greenfield.

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