Haïti : le Tchad, le Bangladesh et d’autres États propulsent la mission antigangs vers son objectif de 5 500 membres

Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...
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La mobilisation internationale en faveur du rétablissement de la sécurité en Haïti connaît une nette accélération.

Selon des informations concordantes publiées par le Miami Herald, Latin Times et Reuters, plusieurs pays d’Afrique et d’Asie ont confirmé ces derniers jours l’envoi de soldats, de policiers et d’équipes techniques destinés à renforcer la mission internationale soutenue par les États-Unis. Ces contributions rapprochent le dispositif de l’objectif fixé par le Conseil de sécurité de l’ONU : atteindre un contingent total de 5 500 membres.

Pendant des mois, les avancées avaient été irrégulières, freinées par des difficultés logistiques, des incertitudes politiques internes et des inquiétudes liées aux risques sur le terrain haïtien. Mais une réunion récente réunissant plusieurs États contributeurs a modifié le rapport de force, suscitant une série d’engagements nouveaux.

Des contributions africaines et asiatiques inattendues

Le Tchad a créé la surprise en offrant d’envoyer 1 500 soldats, un engagement notable pour un pays confronté à ses propres défis sécuritaires, rapporte le Miami Herald. Cette annonce a été suivie par des confirmations de participation de la Sierra Leone, du Burkina Faso, de la Gambie et du Burundi, qui prévoient de rejoindre la mission.

Le Bangladesh, connu pour son rôle historique dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU, a proposé d’y ajouter 1 500 policiers. Ces unités pourraient contribuer à la sécurisation des frontières terrestres et maritimes d’Haïti, un volet crucial alors que le pays est confronté à une intensification de la contrebande d’armes et des mouvements clandestins.

Une présence déjà active sur le terrain

La composante actuellement la plus visible demeure celle du Kenya, qui dirige la mission. Environ 700 policiers kényans sont déjà déployés en Haïti, avec de nouveaux renforts arrivés cette semaine, indique Latin Times. Selon le porte-parole de la force, Jack Ombaka, la présence internationale avoisine désormais 1 000 agents — un chiffre encore loin de l’objectif final, mais en progression continue.

Des pays d’Amérique centrale et des Caraïbes, dont la Jamaïque, le Belize, le Guatemala, les Bahamas et le Salvador, ont eux aussi confirmé l’envoi de personnel supplémentaire. Pour les responsables de la mission, ces renforts régionaux sont essentiels, car plusieurs de ces États ont l’expérience de la lutte contre des organisations criminelles transnationales.

Afin de structurer l’ensemble, la mission a désigné ce mois-ci un nouveau représentant spécial : Jack Christofides, un expert onusien au long parcours dans la consolidation de la paix et la gestion de crises complexes. Le commandant de la force, Godfrey Otunge, cité par Latin Times, estime que Christofides « apporte une expérience dans les affaires politiques, la consolidation de la paix et le leadership opérationnel, ce qui sera essentiel pour guider les efforts du GSF afin de répondre à la crise sécuritaire en Haïti et poser les bases d’une paix durable ».

Cette nomination répond aux critiques récurrentes sur le manque de cohérence et de coordination entre les différents contingents nationaux.

Un signal politique fort

Les contributions conjointes du Tchad et du Bangladesh constituent non seulement l’un des engagements les plus importants depuis la création de la mission, mais elles envoient également un message clair : la crise haïtienne n’est plus perçue comme un problème strictement régional, mais comme une question de sécurité internationale nécessitant une réponse globale.

Ce soutien renforcé intervient alors que les gangs continuent de contrôler des quartiers densément peuplés, des artères stratégiques et plusieurs ports. Le pays compte plus d’un million de déplacés internes, tandis que les institutions publiques fonctionnent à peine.

Pour les experts interrogés par divers médias internationaux, l’arrivée de nouvelles troupes pourrait permettre d’élargir les zones sécurisées, de rouvrir des corridors humanitaires et d’appuyer la Police nationale d’Haïti, dont les capacités sont sévèrement limitées.

De nombreux défis restent à surmonter

Malgré l’élan diplomatique et militaire, le déploiement complet demeure complexe. Transport, financement, hébergement des troupes et coordination opérationnelle exigent une logistique lourde et une coopération étroite entre chaque État contributeur. Plusieurs engagements annoncés doivent encore être formalisés.

Mais la multiplication des offres de soutien marque un tournant. Elle témoigne d’un regain d’attention internationale envers une crise longtemps redoutée pour son potentiel d’enlisement.

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