Miami : la démocrate Eileen Higgins remporte la mairie, une première en près de 30 ans face au candidat soutenu par Donald Trump

Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...
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Miami mayor-elect Eileen Higgins at a watch party after winning the election. Credit: AP

La ville de Miami a basculé mardi dans l’histoire politique récente.

Pour la première fois depuis près de trois décennies, une candidate démocrate a remporté la mairie.

Eileen Higgins, 61 ans, a largement dominé son adversaire républicain Emilio Gonzalez, soutenu par le président américain Donald Trump, infligeant un revers notable au Parti républicain dans un État où il domine depuis plusieurs années.

Avec presque tous les bulletins dépouillés, Higgins affichait une avance d’environ 19 points de pourcentage, selon les données rapportées par The Independent.

Ce résultat inattendu offre un nouvel élan aux démocrates à l’approche des élections législatives de 2026, alors que la Floride semble s’être durablement ancrée à droite.

Une victoire symbolique et historique

Eileen Higgins devient également la première femme à diriger la ville.

Durant toute sa campagne dans cette métropole à majorité hispanique, elle a mis en avant les inquiétudes persistantes des familles touchées par le durcissement des politiques migratoires prôné par le président Donald Trump.

Bien que l’élection soit officiellement non partisane, Higgins s’est revendiquée ouvertement comme démocrate, un choix assumé qui n’a pas freiné son succès.

Dans son entretien à l’Associated Press après sa victoire, elle a dénoncé un climat politique toxique. « Nous faisons face à un discours de responsables politiques qui est profondément déshumanisant et cruel, particulièrement envers les populations immigrées. Les habitants de Miami étaient prêts à tourner la page », a rapporté The Independent notant qu’après l’annonce des résultats, Emilio Gonzalez a personnellement contacté Higgins pour la féliciter.

Un scrutin local aux enjeux nationaux

Si l’élection d’un maire ne permet pas de prédire les dynamiques électorales nationales, ce scrutin a attiré l’attention des deux grands partis américains.

Pour les démocrates, cette victoire constitue un signal encourageant avant les élections de mi-mandat, notamment dans un comté de Miami-Dade qui a glissé progressivement vers la droite ces dernières années.

La ville pourrait d’ailleurs accueillir un jour la future bibliothèque présidentielle de Donald Trump, preuve de son importance stratégique.

Dans un communiqué, Ken Martin, président du Comité national démocrate, y voit un message clair. « Le résultat de ce soir est un nouveau signal d’alarme pour les républicains : les électeurs en ont assez d’un programme déconnecté, qui fait grimper les coûts. »

Plusieurs figures démocrates nationales se sont mobilisées dans les derniers jours de la campagne, dont l’ancien secrétaire aux Transports Pete Buttigieg, le sénateur Ruben Gallego et l’ex-maire de Chicago Rahm Emanuel, venus encourager les électeurs hispanophones aux côtés de Higgins.

Une candidate atypique dans un bastion conservateur

Détentrice d’un siège de commissaire du comté de Miami-Dade pendant sept ans, Higgins a longtemps représenté un district majoritairement conservateur comprenant notamment Little Havana. Lorsqu’elle est entrée en politique en 2018, elle s’est présentée aux électeurs sous le surnom de “La Gringa”, un terme utilisé par les hispanophones pour désigner une Américaine blanche, afin de lever les malentendus sur la prononciation de son nom.
Elle expliquait alors : « Cela aide les gens à comprendre qui je suis. Et après tout, je suis une gringa. Pourquoi le nier ? »

Le vote hispanique : un terrain mouvant

Depuis plusieurs années, les républicains ont obtenu d’excellents scores auprès des électeurs d’origine cubaine, vénézuélienne et nicaraguayenne, en associant l’aile progressiste du Parti démocrate aux gouvernements dont ces communautés ont fui les dérives autoritaires. Le président Donald Trump et de nombreux responsables républicains n’ont cessé de mobiliser ces comparaisons pour solidifier leur base.

Mais depuis les élections de novembre dernier, certains leaders locaux du GOP manifestent leur frustration.

Les démocrates ont en effet enregistré des victoires importantes dans des États clés comme le New Jersey et la Virginie, où les candidats progressistes ont su séduire massivement les électeurs non blancs, laissant craindre aux républicains un essoufflement de leur stratégie actuelle.

La représentante républicaine Maria Elvira Salazar, dont le district comprend une partie de Miami et constitue une cible prioritaire pour les démocrates en 2026, a récemment averti ses collègues : « Le vote hispanique n’est pas acquis. Les Hispaniques ont épousé le président Trump, mais ils ne font que sortir avec le Parti républicain. »

Pour David Jolly, candidat démocrate à la prochaine élection au poste de gouverneur de Floride, la victoire de Higgins marque un tournant : « Le changement est là. Il balaie le pays, et il balaie aussi la Floride. »

Même si la fonction de maire à Miami est principalement cérémonielle, Higgins a promis d’exercer un mandat actif et d’en faire un travail à plein temps.

La capitale économique de la Floride, deuxième plus grande ville de l’État, attire des millions de visiteurs et occupe une place centrale dans les échanges avec l’Amérique latine, offrant à la nouvelle maire une plateforme d’influence considérable. Son programme prévoit notamment la transformation de terrains appartenant à la ville pour créer du logement abordable et la réduction des dépenses jugées superflues.

Miami mayor-elect Eileen Higgins at a watch party after winning the election.
Credit: AP

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