Les gangs ensanglantent Pont-Sondé et Kajak lors d’une nuit de violences extrêmes

Darbouze Figaro
Categories: Français Haïti
Credit: Odelyn Joseph, Associated Press

Des membres de la population haïtiennes ont vécu une nuit d’horreur entre samedi et dimanche, marquée par des attaques de gangs d’une brutalité inouïe à Pont-Sondé, dans l’Artibonite, et à Kajak, dans la commune de Kenscoff. Ces assauts simultanés illustrent l’expansion et la radicalisation de la violence armée au-delà de la capitale, faisant craindre une nouvelle escalade du conflit.

Le massacre de Pont-Sondé : une communauté sous le feu de « Gran Grif »

Dans la soirée du samedi 29 novembre, le gang « Gran Grif » de Savien a lancé un assaut coordonné sur la localité de Pont-Sondé, 5ème section communale de Saint-Marc. Les récits des survivants et des responsables locaux dressent le tableau d’un véritable massacre.

« Des tirs nourris d’armes automatiques ont fait trembler la région de 21h à minuit 30, et de 2h du matin jusqu’à l’aube », a témoigné un responsable d’organisation locale, ajoutant que « durant toute la nuit, les cris de détresse venaient de partout. »

Les assaillants sont arrivés par la route de Poterie, semant la terreur et le feu. « Ils ont mis le feu un peu partout sans laisser le temps aux habitants de s’échapper », ont confirmé des habitants, évoquant des personnes « calcinées » à l’intérieur de leurs maisons.

Plusieurs personnes ont été tuées dès l’arrivée du gang à l’intérieur du local de l’ODVA, dont des employés de l’institution, a confirmé Bertide Horace, dans un entretien à CTN. Des entrepreneurs connus de la zone ont aussi été exécutés.

L’ingénieur Noé Exumé, président de l’organisation Pont-Sondé D’abord, cité par le Nouvelliste, a rapporté des scènes d’une violence extrême dans les secteurs de Belanger, Poterie et le Mont-ODVA : « Plusieurs cadavres y ont été remarqués », révélant aussi « des cas spectaculaires de viols collectifs. »

L’hôpital Saint-Nicolas de Saint-Marc a reçu une quinzaine de blessés, majoritairement par balles. Par ailleurs, des milliers de personnes, hantées par le souvenir du massacre du 3 octobre 2024 dans la même zone, ont fui vers Saint-Marc.

Face à cette offensive, le commissaire principal de Saint-Marc, Nestor Ereste, a défendu l’action de la Police Nationale d’Haïti (PNH) : « La PNH n’est pas restée les bras croisés. Elle a réagi, sauf que la nuit n’a pas joué en notre faveur. Néanmoins, nous avons limité les dégâts. » Il a affirmé que des renforts, incluant trois blindés et des unités spécialisées, avaient été dépêchés à Pont-Sondé dimanche matin pour « neutraliser les hors-la-loi ».

Kenscoff sous les flammes : neuf maisons réduites en cendres par « Viv Ansanm »

Presque simultanément, dans la nuit de dimanche 30 novembre, la coalition criminelle « Viv Ansanm » frappait dans les hauteurs de Port-au-Prince. À Kajak, commune de Kenscoff, des assaillants ont incendié neuf maisons, selon plusieurs sources locales.

L’attaque, menée « avec une violence extrême, a plongé la zone dans la panique. Les premiers témoignages font état de plusieurs personnes, piégées à l’intérieur de leurs habitations, qui auraient péri dans les flammes. Le chaos empêche toujours l’accès des secours et un bilan précis, rendant impossible la confirmation officielle du nombre de victimes. La population de Kenscoff, traumatisée, réclame une intervention urgente des autorités.

Ces attaques surviennent dans un contexte d’asphyxie nationale. À Arcahaie, les gangs maintiennent une pression constante, attaquant régulièrement la localité de Bercy, malgré la résistance des forces de l’ordre et des brigades d’autodéfense civile. La Route Nationale Numéro 1 reste bloquée au niveau de cette commune, coupant toujours la liaison vitale entre la capitale et le Grand Nord.

Cette nouvelle flambée de violence interroge cruellement la capacité de l’État à contenir la crise. Elle intervient alors que le commandant en chef intérimaire de la PNH, Vladimir Paraison, avait présenté, vendredi, un bilan positif de ses 100 premiers jours, mettant en avant la « récupération » du centre-ville de Port-au-Prince. Tout en reconnaissant que « les défis restent énormes », ce satisfecit auto-décerné sonne creux face à la terreur qui s’étend et s’intensifie en province, démontrant que la stratégie sécuritaire actuelle peine à endiguer un phénomène qui se régionalise et se radicalise.

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