Deux jours après l’attaque mortelle contre des soldats à Washington, la Maison-Blanche bouleverse sa politique migratoire. L’ONU et les organisations de défense des droits humains dénoncent des mesures contraires au droit international.
Le gouvernement américain a ordonné à ses services d’immigration de cesser immédiatement tout traitement final des demandes d’asile. Joseph Edlow, qui dirige l’agence fédérale chargée de ces dossiers, a justifié cette mesure par la nécessité de renforcer les contrôles de sécurité sur l’ensemble des candidats à l’immigration, selon NPR.
Concrètement, les fonctionnaires peuvent continuer à examiner les requêtes, mais il leur est interdit de rendre un verdict – qu’il soit positif ou négatif. Cette paralysie administrative touche des milliers de personnes de toutes origines géographiques.
L’ONU rappelle Washington à ses obligations
À Genève, les agences onusiennes ont vivement réagi. Le porte-parole du bureau des droits humains a insisté sur le fait que toute personne fuyant des persécutions a droit à un examen équitable de sa situation, conformément aux traités internationaux ratifiés par les États-Unis.
L’agence pour les réfugiés a également pris position. Sa porte-parole a souligné que les pays signataires de la Convention de 1951 ne peuvent pas simplement fermer leurs portes aux personnes en quête de protection, rapporte NBC News. Elle a ajouté que l’immense majorité des réfugiés s’intègrent sans poser de problème dans leur pays d’accueil.
Les juristes américains montent au créneau
Du côté des professionnels du droit, l’inquiétude grandit. Le président de l’association des avocats spécialisés en immigration a exprimé son désaccord avec l’approche gouvernementale lors d’une interview accordée au service international de la BBC.
« La violence ne connaît ni frontière ni passeport. Une personne peut basculer dans l’extrémisme ou souffrir de troubles psychiques quel que soit son pays d’origine. »
Le Conseil des relations américano-islamiques a pour sa part dénoncé une logique de « culpabilité collective » incompatible avec les principes fondateurs de la démocratie américaine, selon NBC News.
Une jeune soldate de 20 ans tuée
Ces mesures font suite à une fusillade survenue mercredi en plein cœur de la capitale fédérale. Deux membres de la Garde nationale de Virginie-Occidentale ont été pris pour cible à quelques centaines de mètres de la Maison-Blanche.
Sarah Beckstrom, une militaire de 20 ans engagée depuis 2023, n’a pas survécu à ses blessures. Selon CNN, elle avait choisi de rester en poste pendant les fêtes de Thanksgiving pour permettre à ses camarades de rejoindre leurs proches. Son père a confirmé sa mort sur les réseaux sociaux en écrivant que sa fille était « partie vers la gloire ».
Son camarade Andrew Wolfe, 24 ans, se trouve toujours hospitalisé dans un état préoccupant. Le gouverneur de Virginie-Occidentale a indiqué que le jeune homme livrait un combat pour sa survie, rapporte CBS News.
Un tireur aux antécédents complexes
L’homme soupçonné d’avoir ouvert le feu est un Afghan de 29 ans arrivé aux États-Unis il y a quatre ans. Fait troublant : il avait collaboré avec les services de renseignement américains dans son pays natal, participant à des opérations contre les talibans aux côtés d’unités d’élite.
Selon les informations de ABC News, cet homme avait obtenu le statut de réfugié en avril dernier, après avoir déposé sa demande l’année précédente. Un ancien camarade de combat l’a décrit au New York Times comme quelqu’un de « sportif et jovial », tout en évoquant des difficultés psychologiques apparues après son service.
Les enquêteurs cherchent toujours à déterminer les motivations de ce geste. Le FBI examine notamment l’hypothèse d’un lien avec le terrorisme international, sans avoir établi de conclusion définitive à ce stade.
Un durcissement migratoire sans précédent
Le président américain a profité de cette tragédie pour annoncer une refonte radicale de la politique d’accueil. Dans une publication sur son réseau social, il a évoqué l’idée d’un arrêt définitif de l’immigration en provenance des nations les moins développées.
Parallèlement, l’administration a lancé un audit des titres de séjour permanents accordés aux ressortissants d’une vingtaine de pays jugés sensibles. Selon Axios, cette liste comprend plusieurs États africains ainsi que des nations du Moyen-Orient et d’Asie centrale.
Les associations de défense des migrants anticipent déjà des batailles juridiques. L’ONG Human Rights First estime que ces restrictions causeront un préjudice grave aux populations les plus vulnérables, d’après Newsweek.
Un débat qui dépasse les frontières américaines
Cette crise s’inscrit dans un contexte plus large de remise en question du droit d’asile à l’échelle mondiale. Lors de la dernière assemblée générale de l’ONU, des responsables américains avaient plaidé pour une révision des conventions internationales en la matière, arguant que le système actuel était devenu obsolète.
Le chef de l’agence onusienne pour les réfugiés avait alors mis en garde contre toute tentative de démantèlement des protections existantes, rappelant que le principe d’asile constituait un acquis civilisationnel vieux de plusieurs siècles, selon Al Jazeera.



