À Chicago, un père accuse des agents fédéraux d’avoir aspergé sa fillette d’un an au gaz poivré

CTN News

Un père de famille de la banlieue de Chicago affirme que lui-même et sa fille de 1 an ont été aspergés au gaz poivré par des agents fédéraux samedi matin dans le parking d’un Sam’s Club à Cicero, près du quartier de Little Village. L’incident présumé survient quelques heures après des opérations d’immigration tumultueuses qui ont enflammé ce bastion latino de l’Ouest de Chicago.

Rafael Veraza raconte avoir décidé d’écourter ses achats en voyant la présence policière et le convoi fédéral. Selon lui, un agent aurait alors pulvérisé un irritant depuis l’avant de son véhicule vers l’arrière, atteignant l’habitacle.

« Il a commencé à asperger de l’avant de la voiture vers l’arrière. J’en ai eu plein le visage », a déclaré M. Veraza à ABC7 Chicago. Asthmatique, il affirme s’être immédiatement senti en détresse respiratoire. Sa fille Arianna, assise à l’arrière, « essayait d’ouvrir les yeux » et « avait du mal à respirer », selon ses mots. Tous deux ont été brièvement hospitalisés.

Le pasteur Matt DeMateo, de la New Life Community Church, qui dit avoir assisté à la scène, décrit une confusion autour du convoi. Plusieurs agents seraient sortis armes au poing, sans sommation audible. « Je n’ai pas entendu un seul avertissement », a-t-il témoigné auprès d’ABC7 Chicago, évoquant aussi un agent tenant une grenade lacrymogène avant de remonter dans une camionnette.

Le Département de la Sécurité intérieure (DHS) conteste formellement cette version. Dans un message diffusé dimanche sur X (anciennement Twitter), l’assistante-secrétaire Tricia McLaughlin a écrit : « Non. Il n’y a pas eu de contrôle de foule ni de spray au poivre déployés dans un parking de Sam’s Club. »

Un contexte d’opérations mouvementées

Le DHS fait valoir qu’un  « jour chaotique » a vu ses agents pris pour cibles à plusieurs reprises à Chicago. Selon l’agence fédérale, des tirs ont été dirigés contre des agents à Little Village depuis un Jeep Wrangler noir, des projectiles ont été lancés, et plusieurs tentatives de percuter le convoi ont été enregistrées. Ces incidents ont conduit à neuf interpellations, dont huit citoyens américains, selon un bilan rapporté par ABC7 Chicago.

Dans ses déclarations relayées par la presse locale, Mme McLaughlin a qualifié les contre-manifestants de « émeutiers » et justifié des « mesures de contrôle de foule » ailleurs dans la ville, tout en maintenant qu’aucun spray au poivre n’a été utilisé dans le parking du Sam’s Club. Elle a par ailleurs fustigé les « politiques sanctuaires » et accusé les médias d’alimenter un climat d’hostilité contre les forces fédérales.

La municipalité de Chicago, tout en condamnant toute violence contre les forces fédérales, a dénoncé la conduite des opérations. Dimanche, le maire Brandon Johnson a estimé que « l’escalade récente d’une application fédérale des lois sur l’immigration, violente et indiscriminée, menace la sécurité de tous les Chicagoans », selon des propos rapportés par la presse locale.

M. Johnson a fustigé l’usage de « gaz chimiques » dans les quartiers et exigé un rapport détaillé de la police municipale afin de vérifier le respect de l’ordonnance locale « Welcoming City ». Tout en réaffirmant son opposition à toute agression contre la police de Chicago et les agents fédéraux, le maire s’est dit « profondément préoccupé » par les informations faisant état de tirs visant un agent fédéral, selon WTTW.

Une injonction judiciaire qui limite l’usage de la force

L’incident présumé de Cicero intervient dans un climat judiciaire tendu pour les forces fédérales. Jeudi 6 novembre, la juge fédérale Sara Ellis (district nord de l’Illinois) a accordé une injonction préliminaire limitant l’usage de gaz lacrymogènes et d’autres armes antiémeutes par les agents d’immigration lors des manifestations locales.

Dans sa décision, rapportée par Reuters, la magistrate indique avoir relevé des témoignages gouvernementaux trompeurs sur la nature et la violence des rassemblements, y compris l’aveu d’un haut responsable de la Border Patrol d’avoir menti sous serment sur un prétendu assaut précédant des tirs de gaz.

L’ordonnance impose le port de caméras-piétons, une identification claire des agents, et interdit la dispersion des journalistes, manifestants pacifiques et membres du clergé. Le ministère de la Justice a annoncé faire appel, estimant que ces contraintes mettent les agents en danger.

C’est dans ce contexte — quelques jours seulement après l’ordonnance de la juge Ellis — que les opérations baptisées « Operation Midway Blitz » se sont poursuivies ce week-end à Chicago, avec des épisodes de confrontation à Little Village et des mouvements de convoi à travers la ville et sa proche banlieue.

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Dans la vidéo familiale vue par plusieurs médias, on entend le père crier de douleur et l’enfant pleurer après l’aspersion présumée. M. Veraza assure auprès d’ABC7 Chicago qu’il « essayait seulement de sortir » du parking pour se mettre à l’écart, sans participer à une manifestation ni gêner les véhicules officiels.

Des questions clés demeurent : quelles images de caméras-piétons existent et seront publiées ? Pourquoi un père et sa fillette auraient-ils été aspergés alors qu’ils tentaient, selon leur récit, de quitter les lieux ? Une enquête indépendante — appuyée par les enregistrements et les rapports médicaux — sera déterminante pour établir les responsabilités.

D’après des reportages d’ABC7 Chicago, avec des informations de Reuters et WTTW

https://ctninfo.com/?p=38029&preview=true

https://apnews.com/article/immigration-chicago-pepper-spray-90effb7970339902682dc9c9fda8e1d8

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