Gustavo Petro se dit prêt à aller « sur le champ de bataille » à Gaza et propose une force internationale

Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...

Le président colombien Gustavo Petro a affirmé être prêt à se rendre « sur le champ de bataille » dans la bande de Gaza et a plaidé pour la formation d’une force internationale chargée de « libérer la Palestine ». Le chef de l’État a tenu ces propos lors d’une manifestation à New York, à laquelle il a participé aux côtés du musicien Roger Waters, alors que l’offensive israélienne se poursuit dans l’enclave.

Au cours de ce rassemblement, M. Petro a évoqué la création d’une « armée mondiale du salut », une « armée de salut mondial » placée sous l’égide des Nations unies. Il a indiqué vouloir soumettre la proposition à l’Assemblée générale et en a précisé la mécanique : si les deux tiers des États membres approuvent, le processus de constitution de la force pourrait débuter. Le président colombien a ajouté qu’il ouvrirait en Colombie une inscription de volontaires ayant une expérience militaire. Citant des figures latino-américaines, il a déclaré : « Si le président colombien, comme Bolívar auparavant, comme l’Argentin Ernesto Guevara, devraient aller sur un champ de bataille à l’étranger pour défendre l’humanité, je suis prêt à y aller. »

Dans la même séquence, le président a lancé un message aux militaires américains, depuis Manhattan, non loin du siège de l’ONU : « D’ici, depuis New York, je demande à tous les soldats de l’armée des États-Unis de ne pas pointer leurs fusils sur l’humanité », avant d’ajouter : « Désobéissez aux ordres de Trump. Obéissez aux ordres de l’humanité. » Ces appels ont été filmés et largement relayés par la presse internationale.

Dans la foulée, le département d’État américain a annoncé la révocation du visa de Gustavo Petro, motivant sa décision par les propos tenus à New York, jugés dangereux : le visa serait annulé « en raison de ses actions imprudentes et incendiaires ».

Le président colombien a répliqué en accusant Washington d’enfreindre le droit international et les protections diplomatiques associées aux réunions onusiennes.

Selon lui, la révocation « viole toutes les normes d’immunité sur lesquelles repose le fonctionnement des Nations unies et de leur Assemblée générale ». Il a par ailleurs minimisé la portée pratique de la mesure en soulignant qu’il dispose d’une autre citoyenneté européenne lui permettant de voyager.

Les déclarations et contre-déclarations surviennent en marge de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale de l’ONU.

La dimension symbolique est également centrale.

L’apparition conjointe de Gustavo Petro et Roger Waters devant l’ONU — images largement partagées sur les réseaux sociaux — a amplifié la portée médiatique du message, renforçant le positionnement du chef de l’État colombien comme l’une des voix latino-américaines les plus critiques de la conduite de la guerre à Gaza.

Côté colombien, le discours présidentiel combine rhétorique humanitaire et appel à l’insubordination des forces armées américaines face à des ordres jugés contraires à « l’humanité ». Les formules utilisées — Désobéissez aux ordres de Trump. Obéissez aux ordres de l’humanité »— déplacent le débat du terrain strictement géopolitique vers celui de la légitimité morale. Pour Washington, au contraire, ces mots relèveraient d’une incitation jugée incompatible avec la sécurité et l’ordre public, d’où la mesure de rétorsion consulaire.

La séquence révèle par ailleurs une dégradation des relations bilatérales entre Bogotá et Washington, déjà tendues sur d’autres dossiers (coopération antidrogue, expulsions, critiques réciproques). Les agences de presse internationales notent que la querelle diplomatique s’ajoute aux divergences sur l’évaluation du conflit à Gaza et sur la place de la force dans la résolution du conflit.

Sur le plan opérationnel, peu d’éléments concrets ont filtré au-delà de l’intention de porter la proposition devant l’Assemblée générale et d’ouvrir une liste de volontaires en Colombie. Le président a affirmé qu’il présenterait l’initiative à l’ONU, laissant entendre qu’une fois le vote qualifié atteint, la mise sur pied de la force pourrait commencer.

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Source: Latin Times

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