Le maire de New York, Eric Adams, a annoncé dimanche qu’il mettait fin à sa campagne de réélection. Une décision tant espérée par les adversairs du candidat Zohran Mamdani vu comme un danger par le groupe MAGA et une frange de l’establishment démocrate.
L’information a été rapportée par CNN.
Dans une vidéo diffusée sur le réseau social X, Adams a justifié son retrait en des termes sans ambiguïté : « Malgré tout ce que nous avons accompli, je ne peux pas continuer ma campagne de réélection. Les spéculations constantes des médias sur mon avenir et la décision du Campaign Finance Board de retenir des millions de dollars ont compromis ma capacité à lever les fonds nécessaires à une campagne sérieuse. »
Adams a rappelé que sa candidature s’adressait aux oubliés : « Cette campagne était pour les démunis, les marginalisés, les abandonnés et trahis par le gouvernement. Être votre maire a été un honneur, et je suis fier d’avoir transformé la victoire d’il y a quatre ans en actions concrètes pour améliorer cette ville. »
Le retrait du maire profite d’abord au député Zohran Mamdani, figure de l’aile gauche du Parti démocrate, qui avait déjà infligé une défaite surprise à Andrew Cuomo lors des primaires de juin. L’ancien gouverneur de New York, désormais candidat indépendant, espère toutefois capter une partie de l’électorat afro-américain jusque-là acquis à Adams.
Selon CNN, les alliés de Cuomo poussaient depuis des mois le maire sortant à quitter la course afin d’élargir ses propres perspectives électorales.
Le président Donald Trump, lui aussi, est intervenu indirectement. Un de ses proches collaborateurs, le promoteur Steve Witkoff, avait rencontré Adams pour discuter d’une possible intégration dans l’administration Trump, notamment sous la forme d’un poste diplomatique.
Adams, en perte de popularité, stagnait en quatrième position dans la plupart des sondages, derrière Mamdani, Cuomo et le candidat républicain Curtis Sliwa. Pour certains analystes, son départ pourrait redistribuer une partie des voix, mais pas suffisamment pour inverser les dynamiques établies, a fait remarqué CNN.
Soutiens et fractures dans le camp démocrate
La dynamique récente penche nettement en faveur de Mamdani.
La gouverneure de l’État de New York, Kathy Hochul, et l’ancienne vice-présidente Kamala Harris ont apporté leur soutien au jeune élu progressiste. En revanche, deux figures majeures du Parti démocrate, Hakeem Jeffries et Chuck Schumer, n’ont pas encore officialisé leur position.
Donald Trump a de son côté qualifié la possible élection de Mamdani de « menace pour New York », déclarant depuis le Bureau ovale : « Nous allons peut-être avoir un maire communiste parce que le vote est fragmenté. Si les gens se ralliaient derrière un seul candidat, ils auraient, je crois, une bonne chance. »
Adams, qui s’était présenté comme un maire de la classe ouvrière, axant sa campagne de 2021 sur la sécurité publique et la reprise économique post-COVID, voit son mandat entaché par une série de scandales. Son entourage a été éclaboussé par plusieurs affaires de corruption, et lui-même avait été inculpé avant que le département de la Justice, dirigé par Trump, ne décide d’abandonner les charges.
La Commission de financement des campagnes électorales avait refusé à plusieurs reprises de débloquer des fonds publics destinés à sa réélection, évoquant le manque de transparence sur certains donateurs. Adams a dénoncé une couverture médiatique hostile qui aurait sapé sa capacité à mobiliser des financements privés.
Son départ de la course marque un tournant symbolique : deuxième maire noir de l’histoire de New York, il s’était présenté en 2021 comme le visage de l’avenir démocrate. Mais la multiplication des crises internes, les accusations de corruption et les rivalités au sein du parti ont fini par avoir raison de sa campagne.
Désormais, le duel annoncé entre Andrew Cuomo et Zohran Mamdani pourrait redessiner le paysage politique new-yorkais, tandis que l’ombre de Donald Trump continue de planer sur une élection municipale sans précédent.