Les investissements considérables en lobbying américain ne semblent plus suffire pour assurer la pérennité des membres du collège présidentiel de transition et du gouvernement d’Alix Didier Fils-Aimé.
L’administration américaine commence visiblement à perdre patience face aux échecs répétés des dirigeants du CPT, une institution qu’elle avait pourtant contribué à mettre en place.
Lors d’une rencontre avec la presse à New-York, le chargé d’affaires américain en Haïti a transmis un message sans ambiguïté aux responsables du gouvernement transitoire haïtien.
« Ce ne sont pas des emplois à vie », a déclaré sans détour le chargé d’affaires des États-Unis en Haïti, Henry Wooster, adressant ainsi un avertissement explicite aux responsables de la transition haïtienne.
S’exprimant devant des journalistes à New York, en marge de la 80ᵉ Assemblée générale des Nations Unies, il a clairement indiqué que ni le Premier ministre ni les membres du Conseil présidentiel de transition (CPT) ne peuvent conserver indéfiniment leurs positions.
« Ce ne sont pas des emplois à vie », a réitéré le diplomate, selon les informations rapportées par Gazette Haïti.
Concernant la structure gouvernementale actuelle, Wooster a expliqué : « Il y a un Premier ministre à la tête du gouvernement et un chef d’État qui est le président du CPT. Le président du CPT est ici, il représente Haïti à l’Assemblée générale des Nations Unies. Mais leurs postes ne sont pas à vie. »
Le représentant américain a insisté sur la nécessité d’un processus électoral pour l’avenir institutionnel du pays. « Les Haïtiens doivent se rendre aux urnes et élire un président« , a-t-il affirmé, tout en admettant l’existence d’obstacles majeurs, notamment l’insécurité généralisée, les dissensions internes au sein du CPT et les débats constitutionnels.
Henry Wooster a mis l’accent sur l’importance du cadre constitutionnel comme fondement de la souveraineté étatique :
« La question cruciale est de déterminer si vous, peuple haïtien, devez procéder à une modification de votre constitution avant l’organisation d’élections légitimes, ou si cette révision constitutionnelle est nécessaire pour assurer l’élection d’un chef d’État crédible et compétent, ou si ces changements peuvent être reportés. C’est une problématique fondamentale. Je considère que dans tout pays, la question constitutionnelle, ce lien vital qui garantit la souveraineté nationale, devrait être primordiale. »
La sécurité comme priorité absolue
Selon le diplomate, les autorités transitoires ne devraient pas utiliser le contexte sécuritaire comme prétexte pour prolonger leur mandat. Les discussions sur les institutions ne doivent pas éclipser l’urgence sécuritaire qui paralyse actuellement le pays. « Autrement dit, on ne peut pas occuper ces postes à vie. Ce ne sont pas des emplois à vie. Il y a une histoire là-dedans, et elle n’est pas bonne, et elle a énormément contribué à l’instabilité de l’État haïtien », a souligné le représentant américain avant d’ajouter : « Il faut un chef d’État démocratiquement élu. Cela doit se faire. La question de savoir si oui ou non, comment, et les détails de la constitution, c’est à Haïti de décider. »
Bien que le CPT et son gouvernement soient tenus d’organiser des élections avant février 2026, Haïti demeure prisonnière d’un cycle de violence incessant. Les groupes armés maintiennent leur emprise sur une majorité de Port-au-Prince et ses périphéries, compromettant les initiatives du gouvernement transitoire. Des négociations sont actuellement en cours pour redéfinir les attributions de la force multinationale chargée d’appuyer les forces de police et de rétablir un minimum de stabilité.
Les propos de Wooster interviennent à un moment critique du calendrier de transition. En mai dernier, Dennis B. Hankins, qui occupait alors le poste d’ambassadeur américain à Port-au-Prince, avait adressé un avertissement au CPT, soulignant l’échéance fixée par l’accord du 3 avril : « C’est une question maintenant de 278 jours avant le 7 février 2026 où il est prévu d’avoir un président élu et de nouvelles institutions. » À ce moment-là, Hankins avait mis l’accent sur l’importance d’établir rapidement une stratégie concrète pour rétablir l’ordre constitutionnel : « Le temps est limité. Il faut avoir des idées originales sur comment rétablir les institutions démocratiques et constitutionnelles en Haïti, » selon Gazette Haiti.
D’après Gazette Haïti, le message transmis par le chargé d’affaires Wooster est clair : la légitimité du Premier ministre et des membres du CPT est strictement limitée à une période de transition définie, devant culminer avec l’élection démocratique d’un nouveau président.
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Source: Gazette Haiti