WASHINGTON — L’agence fédérale américaine de l’immigration (ICE) a annulé en urgence un programme interne qui promettait des primes aux agents pour expulser rapidement des migrants, moins de quatre heures après sa diffusion, a révélé mardi The New York Times.
Ce projet pilote, qui devait durer trente jours, proposait une récompense de 200 dollars pour toute expulsion réalisée dans les sept jours suivant une arrestation, et 100 dollars si l’expulsion survenait dans un délai de deux semaines. L’objectif affiché était de désengorger les centres de détention et d’alléger les coûts logistiques liés aux procédures migratoires.
Ce programme, formalisé dans une note interne signée par une responsable des opérations de terrain, Liana J. Castano, incitait les agents à privilégier des mesures d’éloignement rapide, notamment l’expulsion accélérée ou le départ volontaire.
Mais à peine quelques heures après que The New York Times a interrogé l’agence sur cette initiative, un second message a été diffusé aux équipes, leur demandant de « ne pas tenir compte » de la première directive. Le département de la Sécurité intérieure (DHS), dont dépend ICE, a ensuite indiqué que le projet n’avait jamais reçu l’aval de la direction. Sa porte-parole, Tricia McLaughlin, a affirmé au New York Times que « cette politique n’a jamais été mise en œuvre et n’a jamais été autorisée ».
Cette volte-face survient alors que l’administration Trump multiplie les efforts pour intensifier les expulsions. Le budget d’ICE a été considérablement augmenté, passant de 8 à 28 milliards de dollars dans le cadre d’un nouveau projet de loi sur la sécurité intérieure, signé récemment par le président. L’agence s’est engagée à embaucher 10 000 agents supplémentaires et propose désormais une prime à l’embauche pouvant aller jusqu’à 50 000 dollars.
Cette campagne de recrutement a été saluée par Stephen Miller, architecte des politiques migratoires de Donald Trump, qui a relayé l’appel à candidatures sur le réseau X (anciennement Twitter). Dans son message, il écrit : « Vous voulez expulser les clandestins de Los Angeles en masse ? Rendez-vous sur JOIN.ICE.GOV dès aujourd’hui et recevez une prime de 50 000 dollars. Soyez le héros dont l’Amérique a besoin. »
Selon ICE, plus de 1 000 promesses d’embauche ont été formulées depuis le 4 juillet. L’agence vante également d’autres incitations, telles que le remboursement de prêts étudiants et des bonus de rétention.
Mais cette stratégie agressive suscite des tensions avec certaines forces de l’ordre locales, partenaires historiques d’ICE dans le cadre du programme 287(g), qui permet aux services de shérif de coopérer directement avec les autorités fédérales sur les questions migratoires. Une communication interne de l’agence, révélée par NBC News, ciblant spécifiquement les adjoints locaux pour les inciter à rejoindre ICE, a été mal perçue.
Dans le comté de Polk, en Floride, le shérif Grady Judd a dénoncé cette initiative et a demandé à la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, de présenter des excuses. De son côté, Jonathan Thompson, directeur général de la National Sheriffs’ Association, a averti que ces démarches pouvaient compromettre une coopération déjà fragile : « C’est une erreur stratégique. Ce type de communication met en péril une relation qui commençait à se reconstruire. »
https://ctninfo.com/?p=36021&preview=true
https://www.youtube.com/@CTNHaiti
https://www.facebook.com/CaribbeanNewsMedia