L’Administration Trump suspend les demandes d’immigration de certains migrants admis sous l’ère Biden

Emmanuel Paul
Emmanuel Paul - Journalist/ Storyteller
US flag and citizenship and immigration paperwork

Le gouvernement de Donald Trump poursuit sa politique de restriction drastique des initiatives migratoires établies pendant la présidence de Joe Biden.

L’exécutif américain vient d’annoncer la suspension des demandes d’immigration provenant de certains ressortissants d’Amérique latine et d’Ukraine qui avaient été autorisés à entrer aux États-Unis dans le cadre des programmes instaurés par l’administration Biden.

Invoquant des inquiétudes relatives à la sécurité et aux risques de fraude, l’équipe Trump cherche à démanteler ces dispositifs qui concernent des milliers de personnes en attente de régularisation aux États-Unis, rapporte CBS News.

Selon CBS News, une note interne datée du 14 février et portant la signature d’Andrew Davidson, cadre supérieur des services d’immigration (USCIS), exige l’arrêt immédiat du traitement de toutes les demandes en cours pour les migrants relevant de trois programmes spécifiques.

Ces dispositifs avaient permis à plusieurs centaines de milliers d’étrangers d’entrer légalement sur le territoire américain via un mécanisme nommé “parole”, octroyant une autorisation de séjour temporaire pour des motifs humanitaires ou d’intérêt public. Cependant, l’administration actuelle conteste cette approche, citant des préoccupations liées aux lacunes dans les contrôles et aux risques de fraude.

Les programmes concernés

Les trois initiatives suspendues sont :

  1. Uniting for Ukraine, ayant accueilli environ 240 000 Ukrainiens fuyant l’invasion russe.
  2. Le programme CHNV, facilitant l’entrée de 530 000 Cubains, Haïtiens, Nicaraguayens et Vénézuéliens parrainés par des Américains.
  3. Les programmes de réunification familiale, destinés aux ressortissants de Colombie, d’Équateur, d’Amérique centrale, d’Haïti et de Cuba en attente de carte verte.

Des migrants vulnérables face à l’incertitude

Pour de nombreux bénéficiaires, cette interruption menace gravement leur avenir. Un grand nombre d’entre eux avaient initié des procédures pour obtenir un statut plus pérenne, notamment via le Statut de Protection Temporaire (TPS), une demande d’asile ou une carte verte. Cependant, toute demande soumise par un migrant entré dans le cadre de ces programmes est désormais gelée, les empêchant d’accéder à un statut légal (CBS News, Montoya-Galvez, 2024).

Lynden Melmed, ancien conseiller juridique en chef de l’USCIS sous l’administration Bush, a mis en évidence que cette décision “bloque la progression de ces migrants vers une régularisation”, les rendant ainsi plus vulnérables à une expulsion si leur statut temporaire était annulé.

Fraude et préoccupations sécuritaires : des justifications controversées

L’administration Trump motive cette suspension par la nécessité d’enquêter sur des soupçons de fraude. D’après la note interne, plusieurs dossiers d’immigration présentaient des anomalies, notamment des “parrains multiples”, des adresses communes ou des informations émanant de personnes décédées. Dans certaines situations, des migrants auraient été admis sans vérification approfondie.

En réponse à ces accusations, l’USCIS a indiqué qu’un examen minutieux serait effectué avant toute reprise potentielle du traitement des demandes. Néanmoins, aucun délai n’a été communiqué, maintenant l’incertitude sur le sort des milliers de migrants affectés.

Un durcissement général de la politique migratoire

Cette initiative s’inscrit dans un renforcement global de la politique migratoire américaine. En janvier, l’administration Trump avait déjà autorisé les agents fédéraux à expulser rapidement certains migrants admis sous ces programmes, et envisage maintenant de révoquer leur statut de parole.

Tandis que les organisations de défense des droits des migrants condamnent une mesure aux répercussions humaines désastreuses, les autorités n’ont pas encore indiqué si la suspension pourrait être levée prochainement. Entre-temps, des milliers de familles demeurent dans l’angoisse, ignorant si elles pourront maintenir leur statut légal aux États-Unis ou si elles risquent une expulsion imminente.

 

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