Les procureurs généraux de 18 États déposent une plainte contre la suppression du programme CHNV dit « programme Biden »

Emmanuel Paul

Les États démocrates n’entendent pas laisser le champ libre à Donald Trump et son administration dans leur politique de déportation massive des immigrants aux États-Unis.

Une coalition de 18 procureurs généraux, dirigée par l’État de New York, a déposé une requête en justice pour s’opposer à la décision de l’administration Trump de mettre fin au Statut de Protection Temporaire (TPS) pour les immigrants haïtiens et vénézuéliens, selon Border Report.

Letitia James, procureure générale de l’État de New York, a déposé ce recours mardi devant un tribunal fédéral du Massachusetts, aux côtés de procureurs généraux du Massachusetts, de la Californie, du Connecticut, du Delaware, d’Hawaï, de l’Illinois, du Maine, du Maryland, du Michigan, du Minnesota, du Nevada, du New Jersey, de l’Oregon, du Rhode Island, du Vermont, de Washington, du Wisconsin et du District de Columbia.

Cette plainte a été déposée après que le département de la Sécurité intérieure (DHS) a annoncé cette semaine qu’il révoquerait les protections légales de centaines de milliers d’immigrants venant de Cuba, d’Haïti, du Nicaragua et du Venezuela, les exposant à une expulsion potentielle dans environ un mois.

Cette décision concerne environ 532 000 personnes arrivées aux États-Unis depuis octobre 2022. Près de deux tiers de ces immigrants sont des ressortissants haïtiens.
L’administration Trump avait également annoncé l’annulation du statut de protection temporaire pour plus de 350 000 Vénézuéliens, privant ainsi ces résidents de leur droit de vivre et de travailler aux États-Unis. Les Haïtiens perdront leur TPS en août et seront eux aussi exposés à l’expulsion, avait fait savoir la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem.

« New York est le foyer de milliers d’immigrants haïtiens et vénézuéliens qui sont des membres actifs de nos communautés, de notre culture et de notre économie. Retirer leur statut légal ne rendra pas nos communautés plus sûres ni plus fortes, cela ne fera que mettre ces immigrants et leurs familles en danger », a déclaré la procureure générale de New York. Letitia James a appelé la justice à bloquer cette mesure, qu’elle considère « illégale » et potentiellement fatale pour de nombreux immigrants des pays concernés, selon Border Report.

James a également souligné que ni Haïti ni le Venezuela ne sont des pays sûrs pour ces résidents et que les renvoyer dans ces conditions les exposerait à de graves dangers. De plus, leur maintien aux États-Unis sans statut légal les priverait de leur droit au travail et fragiliserait également les communautés locales.

Dans leur requête, les procureurs généraux des 18 États et du District de Columbia mettent en avant les conséquences désastreuses d’une telle décision sur les États américains, notamment sur leur économie, leurs écoles et leur système de santé publique. « Les États subiront un préjudice irréparable si le TPS est supprimé. Cette décision brisera des communautés, affectera les écoles, déstabilisera l’économie et compromettra la santé publique et la sécurité des États », peut-on lire dans la motion.

Plus de 56 000 titulaires du TPS vivent à New York, dont environ 5 400 Haïtiens résidant à New York City. En 2023, les ménages bénéficiant du TPS dans l’État de New York avaient gagné plus de 2,3 milliards de dollars en revenus et payé plus de 348 millions de dollars en impôts fédéraux, a révélé Border Report.

L’affaire est en cours d’examen devant les tribunaux fédéraux et pourrait être déterminante pour l’avenir de centaines de milliers d’immigrants aux États-Unis. Les procureurs généraux demandent au juge en charge de prendre une décision temporaire avant le 24 avril pour bloquer la décision de l’administration Trump de mettre fin au programme CHNV, mieux connu sous le surnom de programme Biden.

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