Immigration : Déportations en hausse de 25 % depuis le retour de Trump à la Maison-Blanche

Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul
Journalist/ Storyteller
Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...

Depuis son retour à la présidence, Donald Trump a radicalement transformé la politique migratoire des États-Unis.

Environ cinq mois après le début de son second mandat, l’administration a déjà provoqué une hausse de 25 % du nombre de personnes détenues par l’immigration, selon les dernières données fournies par le Department of Homeland Security à TIME.

Jusqu’à récemment, le rythme des expulsions était globalement similaire à celui observé sous Biden. Mais depuis avril, la tendance a changé. D’après des chiffres communiqués par la secrétaire adjointe Tricia McLaughlin à TIME, plus de 207 000 migrants ont été déportés — un chiffre nettement supérieur aux 139 000 annoncés un mois plus tôt, signalant une accélération majeure.

Pour donner un point de comparaison, l’année fiscale 2024 avait enregistré 271 484 expulsions au total. L’administration Trump souhaite dépasser ce rythme. En mai, ICE a intensifié le nombre de vols de renvoi, indiquant que les prochaines semaines pourraient voir une augmentation encore plus marquée des départs forcés. Ce tournant marque un net contraste avec la gestion précédente sous Joe Biden.

Plutôt que de se concentrer sur les migrants fraîchement arrivés à la frontière, l’administration Trump cible désormais davantage ceux déjà installés aux États-Unis.

Les arrestations réalisées par les agents d’ICE (Immigration and Customs Enforcement) sur les lieux de travail, les domiciles ou même les tribunaux ont considérablement augmenté, remplissant les centres de détention du pays. Cette intensification a notamment déclenché des manifestations à Los Angeles, selon les autorités locales citées par TIME, exacerbées par la décision controversée de Trump de déployer la Garde nationale et des marines.

L’objectif est de déporter presque la quasi-totalité des immigrants légaux et en situation irrégulière.

Dans un entretien avec TIME, le président américain avait déclaré vouloir viser jusqu’à 15 millions d’expulsions, et même envisager le recours à l’armée, malgré les restrictions imposées par le Posse Comitatus Act.

Mais ces objectifs sont difficiles à atteindre. Expulser des personnes intégrées dans les communautés locales est un processus complexe, long et coûteux.

Pour y faire face, l’administration a demandé 168 milliards de dollars au Congrès dans le cadre du « Big Beautiful Bill » — soit cinq fois le budget actuel de 33 milliards, d’après TIME.

Tom Homan, conseiller de Trump sur l’immigration, a indiqué à TIME vouloir doubler la capacité de détention d’ICE, la faisant passer de 50 000 à 100 000 lits. Cette stratégie permettrait d’accélérer à la fois les arrestations et les renvois.

Mais reste un problème logistique : où envoyer les personnes expulsées ? L’administration a déjà envoyé certains migrants vers la prison de haute sécurité de Mariona, au Salvador, ou la base militaire de Guantánamo Bay, à Cuba. D’autres ont été dirigés vers le Panama ou le Soudan du Sud. Selon TIME, les États-Unis seraient également en négociation avec trois nouveaux pays pour accepter les déportés américains.

Réalisant la difficulté de concrétiser son objectif de déporter tous les immigrants, l’administration Trump a eu recours à une autre stratégie : la “déportation volontaire”.

Une campagne sans précédent est donc lancée pour forcer les immigrants à retourner dans leur pays d’origine.

Les migrants qui acceptent de rentrer chez eux reçoivent 1 000 dollars et un billet d’avion gratuit. Une initiative saluée comme “sans précédent” par Muzaffar Chishti, expert au Migration Policy Institute. “ Une fois qu’ils ont compris que les expulsions massives n’étaient pas simples à exécuter, ils ont commencé à vendre l’idée de l’auto-expulsion à une échelle jamais vue dans l’histoire américaine”, a-t-il déclaré à TIME.

Alors que les ambitions de l’administration Trump en matière de déportation se heurtent à des réalités logistiques, juridiques et humaines, une chose est claire : la politique migratoire américaine entre dans une ère de coercition inédite, avec des implications profondes pour des millions de personnes sur le sol américain.

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