7 781 immigrants sans antécédents judiciaires arrêtés jusqu’au mois de juin : Tom Homan assume la stratégie

Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...

Alors qu’elle avait promis d’arrêter uniquement les immigrants ayant un casier judiciaire, l’administration Trump change drastiquement de cap.
Au 1er juin, selon les chiffres officiels, plus de 7 700 personnes actuellement détenues par l’ICE ne présentent aucune condamnation.

Tom Homan, figure centrale de la politique migratoire de Donald Trump, a reconnu que de nombreuses personnes interpellées par les services de l’immigration n’ont aucun passé criminel.

Lors d’un entretien accordé à MSNBC, il a confirmé que les arrestations menées par l’ICE (U.S. Immigration and Customs Enforcement) ne visaient pas exclusivement des individus ayant un casier judiciaire.

« Non, bien sûr que non », a-t-il répondu lorsqu’on lui a demandé si tous les migrants arrêtés avaient des antécédents criminels.

Cette révélation alimente les critiques croissantes à l’encontre de l’administration Trump, accusée de mener des opérations de grande ampleur contre les immigrants, y compris ceux en situation régulière ou en voie de régularisation.

Tom Homan a défendu cette approche en soulignant les difficultés posées par les villes dites « sanctuaires », où la coopération avec les autorités fédérales est limitée. Il a expliqué que dans ces juridictions, l’ICE est souvent contrainte d’agir en dehors des établissements pénitentiaires. « Lorsqu’on ne peut pas intervenir en prison, on agit dans la rue. Et dans ces circonstances, il arrive que d’autres personnes soient également interpellées. »

L’ICE a aussi modifié sa méthode en menant des opérations dans les locaux des tribunaux d’immigration. De nombreuses personnes ayant des rendez-vous de routine y ont été arrêtées. Des pratiques dénoncées par des organisations de défense des droits des immigrants et des élus locaux, qui y voient une tentative d’intimidation. Certains vont même jusqu’à assimiler ces interventions aux méthodes employées par les nazis.

Cette politique est particulièrement contestée par les défenseurs des droits des migrants. Aaron Reichlin-Melnick, de l’American Immigration Council, a souligné que l’agence cible aussi des personnes engagées dans une démarche légale devant les tribunaux. Il affirme que ces actions visent à contourner les procédures judiciaires classiques au profit d’expulsions accélérées.

« Cette stratégie démontre clairement que l’objectif de l’ICE n’est pas uniquement d’interpeller des personnes ayant un passé criminel. Au contraire, celles-ci semblent de moins en moins prioritaires », a-t-il réagi sur le réseau X, selon ce qu’a rapporté The New Republic.

Homan, quant à lui, assume cette logique de « culpabilité par association » : selon ses propos, toute personne se trouvant illégalement sur le territoire et présente lors d’une opération peut être arrêtée, même si elle ne constituait pas une cible initiale.

Ces pratiques, de plus en plus décriées, illustrent une tendance lourde de la politique migratoire actuelle : la généralisation des arrestations, au-delà des critères de dangerosité, dans le but de maximiser les expulsions.

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