Plus de 100 jours depuis l’installation de Donald Trump à la présidence américaine, les sénateurs démocrates du Massachusetts ont manifesté leur profonde préoccupation face aux implications de sa politique, particulièrement concernant l’immigration.
Au cours d’une réunion informelle lundi au Capitole de l’État, quatorze sénateurs démocrates se sont exprimés durant plus de deux heures pour critiquer les nouvelles politiques de détention et d’expulsion des migrants, touchant même des résidents en situation régulière aux États-Unis.
La dirigeante du Sénat, Karen Spilka, qui participe rarement à ces sessions sans agenda précis, a prononcé un discours émouvant de vingt minutes, sonnant l’alarme : « Notre pays devient méconnaissable », a-t-elle souligné. Établissant un parallèle avec l’Europe des années 1930, elle a rappelé son histoire familiale, marquée par l’Holocauste et l’oppression politique, a rapporté WBUR.
« En tant que descendante d’un immigrant ayant fui l’oppression, et fille d’un combattant traumatisé par les atrocités des camps nazis, je ressens viscéralement le péril de notre situation actuelle », a-t-elle déclaré. Elle a notamment cité le cas de Rümeysa Öztürk, une étudiante de l’université Tufts détentrice d’un visa valide, risquant l’expulsion après avoir cosigné un article critique sur les investissements liés à Israël.
Les parlementaires ont également mentionné Kilmar Abrego Garcia, déporté injustement selon plusieurs rapports, malgré une décision de justice ordonnant son retour. Ces situations démontrent, d’après les élus, un irrespect grandissant de l’administration Trump envers les principes juridiques.
L’intervention de Spilka a reçu une standing ovation, incluant les deux seuls sénateurs républicains présents, Bruce Tarr et Kelly Dooner, qui sont restés silencieux.
Bien que peu d’actions législatives précises aient été proposées, Spilka a souligné l’engagement du sénat envers son programme « Response 2025 », destiné à défendre les habitants du Massachusetts et préserver les principes démocratiques de l’État. Une initiative récente vise à assurer l’accès aux soins de santé reproductive et transgenres, indépendamment des pressions fédérales.
Les sénateurs Adam Gomez, Lydia Edwards, Jason Lewis, Sal DiDomenico, Barry Finegold, John Keenan, et d’autres, ont tous partagé leurs inquiétudes et leur résolution. « Si moi je suis effrayée, imaginez l’angoisse des enfants dans nos écoles », a confié Edwards avec émotion. « Nous ne plierons pas, nous ne nous inclinerons pas devant le président », a affirmé DiDomenico. « Nous incarnons la démocratie. Et aujourd’hui, nous prenons position », a-t-il conclu.
Cet article est inspiré du travail de Chris Lisinski pour le State House News Service, relayé par WBUR le 28 avril 2025.
